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lundi 15 septembre 2025

L'économie politique en une leçon (Henry Hazlitt).




Le livre d'Henry Hazlitt, L'Économie politique en une leçon, vise à démonter les illusions économiques influentes en analysant les conséquences des politiques économiques au-delà de leurs effets immédiats et de leur impact sur des groupes spécifiques.

La leçon centrale c'est qu'un mauvais économiste ne voit que ce qui frappe directement son esprit et les conséquences immédiates sur un groupe donné, tandis qu'un bon économiste anticipe les effets lointains et les répercussions sur l'ensemble de la société. Cette distinction, bien qu'élémentaire, est souvent ignorée en politique économique. Pour Hazlitt, l'économie politique est la science qui révèle les conséquences lointaines et générales des actions.

Hazlitt illustre cette leçon à travers une série d'applications :

• La vitre brisée est l'exemple emblématique. L'idée qu'une vitre brisée crée du travail pour le vitrier, et par extension, que la destruction est bénéfique, est une illusion. Le boulanger qui doit remplacer sa vitre perd 50 dollars qu'il aurait autrement dépensés pour un vêtement, par exemple, ce qui signifie que le gain du vitrier est la perte du tailleur. Aucun nouveau travail n'est créé, et la société est appauvrie d'un vêtement. Ainsi l'argument selon lequel la destruction crée une "demande accumulée" ou que la reconstruction stimule l'économie est fallacieux. Le besoin n'est pas la demande si le pouvoir d'achat fait défaut. La guerre détruit du capital et réduit la capacité productive, appauvrissant la nation, même si elle déplace la demande vers certains secteurs.

• Les travaux publics payés par les impôts et présentés comme créateurs d'emplois ne font que déplacer le travail : les emplois créés dans la construction d'un pont sont compensés par les emplois non créés dans les secteurs privés où les contribuables auraient librement dépensé leur argent s'il n'avait pas été prélevé.

• Les impôts découragent la production. Des impôts trop élevés réduisent les incitations à produire, à investir et à créer de nouvelles entreprises, ce qui peut paradoxalement mener au chômage.

• Le crédit fait dévier la production. Les prêts gouvernementaux, en particulier à ceux que les banques privées jugent trop risqués, détournent le capital disponible vers des usages moins efficients, réduisant ainsi la production globale. Le capital n'est pas illimité, et le prêter à un individu (B) signifie le priver à un autre (A) potentiellement plus productif.

• Les machines ne causent pas de chômage permanent à long terme, mais augmentent la productivité, abaissent les prix, élèvent le niveau de vie et, historiquement, créent plus d'emplois qu'elles n'en suppriment en stimulant de nouvelles industries et en augmentant la demande. Le chômage temporaire de certains travailleurs est une conséquence à ne pas ignorer, mais la solution n'est pas de freiner le progrès.

• Les pratiques syndicales visant à réduire les heures de travail ou à subdiviser les tâches pour "créer" des emplois augmentent les coûts de production, réduisent l'efficacité et la production, et mènent finalement à une diminution du bien-être général. La quantité de travail n'est pas limitée.

• La démobilisation des soldats ou la réduction des fonctionnaires inutiles ne mène pas au chômage généralisé. Les fonds libérés des contribuables seront dépensés dans le secteur privé, créant des emplois productifs pour les civils. Les fonctionnaires inutiles sont des parasites ; leur pouvoir d'achat n'est pas une justification.

• La superstition du "plein emploi". Le véritable objectif économique d'une nation devrait être la maximisation de la production, non le "plein emploi" en soi. Le plein emploi peut être atteint par des moyens inefficaces ou totalitaires (ex: programmes d'armement d'Hitler, travail forcé).

• Quels sont ceux que protègent les droits de douane ?. Les droits de douane protègent quelques industries nationales au détriment de l'ensemble des consommateurs et des industries exportatrices. Ils détournent le capital et le travail vers des productions moins efficaces, réduisant ainsi le niveau de vie réel et les salaires.

• La chasse aux exportations met en lumière l'absurdité de vouloir exporter sans importer. Les exportations financent les importations et vice-versa. Les prêts gouvernementaux massifs à l'étranger pour stimuler les exportations, s'ils ne sont pas remboursés, reviennent à un don et appauvrissent la nation.

• La "parité" des prix agricoles. Tenter de maintenir les prix agricoles à un niveau arbitraire (ex: "parité" historique) par des interventions gouvernementales (achats, prêts, restrictions de récoltes) se fait au détriment des consommateurs et du contribuable, et diminue la richesse publique en réduisant la production.

• "Sauvons l'industrie X !". Subventionner une industrie "mourante" pour la sauver détourne le capital et la main-d'œuvre d'industries plus productives ou nouvelles, ce qui réduit l'efficacité économique globale et le niveau de vie.

• Le système des prix et de la libre concurrence est un mécanisme quasi-automatique qui alloue les ressources (travail, capital) là où elles sont le plus nécessaires, en fonction de la demande et des profits potentiels. Toute tentative bureaucratique de remplacer ce système est inefficace et conduit à la rareté.

• Les tentatives gouvernementales de "stabiliser" les prix au-dessus ou en dessous des niveaux du marché libre (par le stockage, les subventions, les restrictions de production) mènent à des pénuries artificielles, à des excédents non vendus, et finalement à une instabilité accrue. Les spéculateurs, bien que souvent critiqués, jouent un rôle stabilisateur sur un marché libre.

• Le contrôle des prix par l'État. Fixer des prix maximaux artificiellement bas mène inévitablement à une augmentation de la demande et une diminution de l'offre, provoquant des pénuries. Pour contrer cela, le gouvernement est contraint d'étendre son contrôle (rationnement, contrôle des coûts), ce qui mène à une économie entièrement dirigée et à la perte des libertés. Le marché noir apparaît comme une conséquence inévitable de ces contrôles, causant des dommages économiques et moraux.

• Les résultats du contrôle des loyers. Le contrôle des loyers, une forme spécifique de contrôle des prix, décourage la construction de nouveaux logements, entraîne la détérioration des bâtiments existants et crée une pénurie, en particulier pour les logements à faible revenu. Il pénalise les propriétaires et peut conduire à l'abandon de propriétés, ce qui, à terme, nuit aux locataires eux-mêmes.

• Les lois sur le salaire minimum. Le salaire est un prix. Fixer un salaire minimum au-dessus du niveau du marché prive les travailleurs les moins productifs de leur emploi, remplaçant un salaire bas par le chômage. Les salaires réels ne peuvent durablement augmenter que par l'accroissement de la productivité du travail, non par décret gouvernemental.

• L'action syndicale fait-elle monter les salaires ? Le pouvoir des syndicats d'augmenter les salaires réels pour l'ensemble des travailleurs est souvent surestimé. S'ils parviennent à augmenter les salaires de leurs membres au-dessus du niveau du marché par la force ou des pratiques restrictives, cela se fait au détriment des ouvriers non syndiqués, des employeurs et des consommateurs, entraînant chômage et réduction de la production globale.

• "L'ouvrier doit gagner de quoi pouvoir racheter son propre produit". Cette théorie du "pouvoir d'achat" est un sophisme marxiste. Le produit national est créé et acheté par tous les contributeurs à l'économie. Artificiellement augmenter les salaires sans une productivité équivalente augmente les coûts, ce qui mène à la hausse des prix et/ou au chômage, ne permettant pas aux travailleurs d'acheter plus.

• La fonction du profit. Le profit, bien que souvent mal compris et critiqué, est le signal essentiel qui dirige le capital et le travail vers les productions les plus demandées et les plus efficientes. Il encourage l'innovation, la réduction des coûts et la création de richesses. Limiter ou supprimer le profit désorganise la production et conduit à la rareté.

• Le mirage de l'inflation. L'inflation est la confusion entre la monnaie et la richesse réelle. Elle est une forme d'impôt cachée et la plus pernicieuse, qui redistribue la richesse de manière inéquitable, désavantageant ceux dont les revenus ne suivent pas la hausse des prix. Elle déforme la structure de la production, décourage l'épargne et la prudence, et mène inévitablement au désenchantement et à l'effondrement économique, favorisant les contrôles totalitaires.

• Contrairement aux idées reçues, l'épargne (lorsqu'elle est investie et non thésaurisée) est essentielle à la formation de capital, ce qui stimule la production, les progrès technologiques et l'augmentation des salaires réels. Les politiques visant à décourager l'épargne (ex: taux d'intérêt artificiellement bas) réduisent l'offre de capital réel et peuvent entraîner des crises.

Les conclusions de l'étude économique approfondie rejoignent souvent le bon sens. Les interventions gouvernementales sont généralement menées au profit de quelques groupes (A et B) aux dépens d'un "homme oublié" (C), le contribuable ou le consommateur général.

Hazlitt constate avec regret que les leçons de base de l'économie n'ont pas été retenues par les politiciens. Les politiques interventionnistes, l'inflation chronique, les dépenses publiques et les programmes de redistribution des richesses sont plus répandus que jamais, menant à des déficits budgétaires massifs, à une dépréciation monétaire généralisée et à un appauvrissement global, malgré les signes croissants que ces politiques sont désastreuses.