Ce livre rassemble des sermons de saint Jean Chrysostome.
Jean Chrysostome, dont le nom signifie "bouche d'or", est né vers 350 après J.-C. à Antioche en Syrie, une ville carrefour où la civilisation grecque rencontrait les cultures du Proche-Orient L'Église d'Antioche, fondée par saint Paul, était un lieu où le christianisme devait rivaliser avec diverses religions et les attractions profanes comme les théâtres et les courses. Bien que sa famille fût chrétienne et de citoyens éminents, Jean perdit son père très jeune et fut élevé par sa mère, Anthusa. Il reçut une éducation classique, lisant les grands classiques grecs païens et étudiant la rhétorique auprès de Libanius, un orateur célèbre. Sa doctrine éthique combine l'esprit du Nouveau Testament avec la tradition des stoïciens et des cyniques, qui enseignaient que la vertu était le seul vrai bien et la sagesse la seule source de vraie liberté et de vraie richesse.
Jean Chrysostome fut ordonné prêtre en 386 et fut assigné à la prédication, une tâche qu'il accomplissait souvent le dimanche, le samedi soir et lors des fêtes. Ses sermons étaient populaires, même s'ils ne rivalisaient pas avec le théâtre ou les courses, et la congrégation l'applaudissait fréquemment. Cependant, il notait que l'assistance aux sermons ne se traduisait pas toujours par la mise en pratique de ses conseils, critiquant ceux qui partaient après le sermon sans participer pleinement à la liturgie. Sa carrière sacerdotale à Antioche prit fin brusquement en 397 lorsqu'il fut contraint de devenir patriarche de Constantinople, marquant le début de ses troubles et de son exil.
C'est durant son sacerdoce à Antioche, peut-être en 388 ou 389, que saint Jean prêcha sa série de sermons sur la parabole de Lazare et du riche homme (Luc 16:19-31). Cette parabole lui permit d'aborder plusieurs de ses thèmes favoris. Il s'interroge sur la raison pour laquelle les justes souffrent tandis que les pécheurs prospèrent, et sur ce que Dieu attend des riches et des pauvres pour atteindre le salut.
Dans son premier sermon, il examine la vie de Lazare et du riche homme. Le principal défaut du riche homme n'était pas sa richesse en soi, mais son incapacité à faire l'aumône et à aider son prochain. Lazare, en revanche, développa sa force spirituelle en endurant patiemment la souffrance sans se plaindre. Saint Jean insiste sur la nécessité de l'amour envers le prochain et de l'ascèse, appropriée à nos circonstances.
Le second sermon aborde la mort des deux hommes. La mort révèle la vraie richesse et la vraie pauvreté. Le riche homme est dépouillé de tout, tandis que Lazare est emporté en triomphe par les anges. Jean Chrysostome enseigne que les riches doivent considérer leurs biens comme une intendance pour les pauvres et les partager, sans se soucier de la moralité des nécessiteux. Il est important de noter qu'il ne prône pas la vente de tous les biens pour la vie monastique, mais une manière chrétienne de vivre dans le monde.
Le troisième sermon explore la relation entre le malheur ou la prospérité dans cette vie et la condition future. Les souffrances terrestres, endurées avec patience, peuvent dissoudre les péchés et la punition qui leur est due. L'effort d'endurance patiente est suffisant pour les pauvres ou les malades chroniques, tandis que les riches et en bonne santé doivent pratiquer une austérité volontaire pour surmonter leurs inclinations pécheresses. Saint Jean ne sépare pas les œuvres de la foi, affirmant que la grâce de Dieu nous sauve en assistant notre volonté à favoriser la justice.
Un thème récurrent est le "grand abîme" qui sépare le ciel de l'enfer. Il enseigne que notre choix pour ou contre Dieu doit être fait dans cette vie, et qu'il n'y a pas d'échappatoire à l'enfer après la mort. Les prières pour les morts peuvent apaiser leurs souffrances, mais ne peuvent les libérer. Ceux qui vivent dans le luxe sans souffrir de malheur ici-bas paieront tout dans l'au-delà, tandis que ceux qui souffrent purifient leurs péchés et obtiennent une grande récompense.
Le quatrième sermon reprend la demande du riche homme d'avertir ses frères. Jean Chrysostome insiste sur l'autorité supérieure des Écritures divines par rapport à toute manifestation miraculeuse. Il souligne que la conscience est un juge interne incessant et incorruptible qui nous pousse à reconnaître et confesser nos péchés. La confession et les larmes sont des moyens de dissoudre le péché et d'alléger le fardeau.
Dans le sixième sermon, suite à un tremblement de terre à Antioche, Jean Chrysostome y voit un rappel de la mortalité humaine et du jugement de Dieu. Il dénonce l'éphémérité de la richesse et du pouvoir face à la colère divine. Il rappelle que Dieu ne désire pas la mort du pécheur, mais sa repentance. Le tremblement de terre est un avertissement, une "leçon plus tranchante que l'acier" pour couper les plaies gangreneuses du péché.
Le septième sermon fustige ceux qui préfèrent les courses (hippodrome) et les spectacles "sataniques" aux enseignements spirituels. Il les exhorte à choisir la "porte étroite" et le "chemin difficile" de la vertu, plutôt que le chemin large et facile de la destruction menant à l'indulgence et aux plaisirs éphémères. La vie présente est un théâtre, où la richesse et la pauvreté ne sont que des masques. La vraie richesse est celle de l'âme, la vraie pauvreté est l'absence de vertu.
Saint Jean Chrysostome aborde également la question de l'origine de l'esclavage, affirmant que tous les êtres humains ont été créés libres, et que l'esclavage est apparu par le péché, citant l'exemple de Cham et de la malédiction de Noé. D'un point de vue chrétien, le véritable esclave est celui qui est captif du péché, et un esclave vertueux est vraiment libre.