BLOG DES AMIS DE PAUL-ÉRIC BLANRUE --- ARCHIVES, ACTUALITÉS, PROSPECTIVES --- DÉMYSTIFICATION ET CONTRE-HISTOIRE

samedi 6 septembre 2025

La conscience au-delà de la vie : la science de l'expérience de mort imminente, selon Pim von Lommel.



Le livre de Pim van Lommel explore en profondeur les expériences de mort imminente (EMI) et leurs implications pour notre compréhension de la conscience et de la relation entre la conscience et le cerveau.

En tant que cardiologue confronté quotidiennement à la mort, l'auteur a été poussé à réfléchir aux aspects émotionnels, philosophiques et physiologiques de la vie et de la mort, une réflexion qui a pris une urgence personnelle après la perte de sa mère et de son frère. Inspiré par des récits tels que celui de George Ritchie dans Return from Tomorrow et le travail pionnier de Raymond Moody qui a inventé le terme "EMI", van Lommel a commencé en 1986 à interroger systématiquement les patients réanimés sur leurs souvenirs de la période d'arrêt cardiaque, découvrant avec surprise des récits d'EMI qui remettaient en question les connaissances médicales de l'époque.

Qu'est-ce qu'une expérience de mort imminente (EMI) ? Une EMI est définie comme un événement psychologique profond avec des éléments transcendantaux et mystiques, survenant généralement chez des individus proches de la mort ou dans des situations de danger physique ou émotionnel intense. Ce sont des souvenirs rapportés d'expériences psychologiques extrêmes avec des éléments "paranormaux", transcendantaux et mystiques fréquents, qui se produisent pendant un état de conscience particulier survenant lors d'une période de mort réelle ou imminente. Les EMI sont uniques, mais partagent des éléments communs, bien que la plupart des gens n'en rapportent que quelques-uns.

Parmi les éléments clés d'une EMI, on trouve :
• La sortie du corps (out-of-body experience - OBE) : Les individus se voient depuis un point extérieur et au-dessus de leur corps sans vie, percevant souvent des détails vérifiables de leur réanimation ou de l'environnement. Cela n'est pas une hallucination, car les perceptions peuvent être corroborées par des tiers, ce qui soulève des questions sur la perception extrasensorielle. Par exemple, une femme a pu décrire ses prothèses dentaires retirées pendant sa réanimation, un détail qu'elle n'aurait pas pu connaître autrement. Des personnes aveugles de naissance ont même rapporté avoir vu pendant leur EMI, défiant toute explication physiologique.
• Le passage dans un espace sombre ou un tunnel : souvent décrit comme un espace clos, un vide ou un puits, parfois vécu comme effrayant, mais généralement suivi d'une sensation de paix.
• La perception d'une lumière brillante ou d'un être de lumière : une lumière non éblouissante, incroyablement brillante, qui peut être ressentie comme un être (identifié parfois comme Jésus ou un ange selon le contexte religieux) et qui communique par télépathie, offrant une acceptation totale, un amour inconditionnel et un accès à une profonde connaissance et sagesse.
• La révision de vie panoramique (life review) : une expérience intense où toute la vie est revécue, non seulement les actions et les mots, mais aussi les pensées et leurs effets sur soi et les autres. Cette expérience, bien que confrontante, est vécue sans jugement et met en évidence l'importance de l'amour et de la compassion. Le temps et la distance semblent inexistants, tout étant accessible dans un "présent éternel".
• L'accès à des connaissances universelles : les personnes en EMI peuvent accéder à une richesse de connaissances sur l'origine du cosmos, le fonctionnement de l'univers, la connexion de toute chose et le sens de la vie. Ces connaissances sont souvent perçues comme ineffables et impossibles à exprimer avec des mots humains.
• La perception d'une frontière : un point de non-retour, au-delà duquel il ne serait plus possible de revenir au corps. À ce stade, une communication peut avoir lieu avec des "êtres de lumière" ou des proches décédés, expliquant que le moment n'est pas encore venu de rester.
• L'amour inconditionnel et l'unité cosmique : un sentiment intense de paix, de joie, d'unité cosmique et d'amour inconditionnel, souvent ressenti en présence de la lumière.

Certaines EMI peuvent être effrayantes (1 à 2% des cas), caractérisées par un séjour dans un espace sombre, sans issue, parfois appelé "expérience infernale", et pouvant entraîner un traumatisme émotionnel durable. Cependant, même ces expériences peuvent, après acceptation et compréhension, conduire à des changements positifs. L'histoire de George Ritchie, qui a visité un "bas-monde" rempli d'êtres frustrés et malheureux, illustre ces aspects.

Les EMI chez les enfants sont particulièrement significatives, car il est peu probable que des enfants, surtout très jeunes, aient des connaissances préalables pour fabriquer des récits aussi cohérents avec ceux des adultes. Les enfants racontent spontanément ce qui leur est arrivé, ce qui renforce la crédibilité des EMI.

Les EMI ne sont pas un phénomène nouveau lié aux techniques de réanimation modernes, mais une redécouverte d'un savoir ancien et transculturel. Des récits similaires se retrouvent dans l'Égypte ancienne (Livre des Morts), l'Inde antique (Upanishads), la philosophie grecque (Platon et la vision d'Er), le mysticisme juif (Midrash, Zohar, Kabbale), le christianisme (références bibliques, mystiques comme Dante) et l'Islam (Coran, révision de vie). Ces textes anciens, malgré leur isolement géographique et temporel, décrivent des expériences et des conséquences frappantes similaires aux EMI modernes.

La recherche sur les EMI est confrontée à une sous-déclaration importante dans les hôpitaux, car le phénomène défie les connaissances médicales actuelles. Les médecins sont souvent sceptiques et les patients craignent d'être ridiculisés ou incompris. Pour remédier à cela, des études prospectives (qui suivent les patients dès le début de leur crise) sont nécessaires, car elles ont une plus grande valeur scientifique que les études rétrospectives (basées sur des souvenirs passés).

L'étude néerlandaise menée par Pim van Lommel et ses collègues, publiée dans The Lancet en 2001, est une étude prospective et longitudinale majeure. Sur 344 patients ayant subi un arrêt cardiaque (déclarés cliniquement morts), 18% ont rapporté une EMI. Les résultats ont montré que les facteurs médicaux (manque d'oxygène au cerveau, médicaments) ou psychologiques (peur de la mort) ne pouvaient pas expliquer l'occurrence d'une EMI. La conscience améliorée, les pensées lucides, les émotions et les souvenirs ont été vécus pendant la période d'arrêt cardiaque, c'est-à-dire quand le cerveau ne montrait aucune activité mesurable. Cette conclusion a été confirmée par d'autres études prospectives (américaine de Greyson, britannique de Parnia et Fenwick). L'étude néerlandaise a reçu une attention mondiale et des récompenses, mais aussi de vives critiques de la part de scientifiques matérialistes qui l'ont qualifiée de "pseudoscience".

Le phénomène des EMI remet en question la vision dominante selon laquelle la conscience est exclusivement un produit du cerveau. En effet, l'expérience d'une conscience lucide et améliorée en l'absence de toute fonction cérébrale mesurable (EEG plat en 10 à 20 secondes après l'arrêt cardiaque) est un paradoxe qui défie les explications matérialistes.

Le livre argumente contre l'approche matérialiste et réductionniste qui considère la conscience comme une illusion ou le simple résultat de processus cérébraux. Plusieurs contre-arguments sont présentés :
• Les scans cérébraux (fMRI) montrent des corrélations, mais ne prouvent pas que le cerveau produit la conscience, ni n'expliquent le contenu des pensées ou des sentiments.
• La capacité de stockage d'informations du cerveau est insuffisante pour contenir tous les souvenirs d'une vie entière.
• La composition moléculaire du cerveau est en flux constant (renouvellement des cellules et synapses), ce qui rend difficile d'expliquer la persistance des souvenirs à long terme si la mémoire était purement localisée dans le cerveau.
• Des cas exceptionnels, comme celui d'un homme avec seulement 100 grammes de tissu cérébral (au lieu de 1500g) et un QI élevé, remettent en question l'idée que la conscience et la mémoire sont stockées dans le cerveau.
• La neuroplasticité prouve que l'esprit peut influencer la structure et la fonction du cerveau (pensées, méditation, thérapie).

Une nouvelle perspective est proposée : la conscience n'est pas produite par le cerveau, mais facilitée par lui. La conscience sans fin ou non-locale aurait ses origines dans un espace non-local, sous forme de fonctions d'onde indestructibles, toujours présentes en nous et autour de nous. Le cerveau agirait comme une station relais ou une interface, recevant une partie de cette conscience totale, comparable à un téléviseur qui reçoit des ondes électromagnétiques et les décode en images et sons, sans les produire.

Cette vision s'aligne avec des concepts de la physique quantique, tels que la non-localité, l'intrication (entanglement) et l'échange instantané d'informations dans une dimension intemporelle et sans lieu. L'espace non-local, parfois appelé "vide absolu" ou "espace de phase", pourrait être la base de la conscience. La conscience est considérée comme ayant une présence primaire dans l'univers, influençant la réalité physique.

Le rôle de l'ADN est également exploré comme une interface cruciale pour l'échange constant d'informations entre le corps et la conscience non-locale. L'ADN pourrait agir comme un "processeur haute vitesse" transmettant des informations encodées, avec des preuves d'échange d'informations non-locales via l'ADN (comme la résistance aux antibiotiques chez des bactéries isolées). Les biophotons, des photons émis par les organismes vivants, pourraient jouer un rôle dans ce mécanisme. La DMT (diméthyltryptamine), une substance psychoactive produite par la glande pinéale, est mentionnée comme pouvant jouer un rôle dans la perturbation de cette interface entre le cerveau et la conscience non-locale.

Les EMI sont des expériences transformatrices qui entraînent des changements profonds et durables chez les personnes qui les vivent.
• Perte de la peur de la mort : la plupart des individus qui ont eu une EMI perdent toute peur de la mort, remplaçant cette anxiété par une conviction intérieure que la conscience survit à la mort physique.
• Changement des valeurs et des attitudes : une appréciation accrue des choses simples de la vie, un moindre intérêt pour les biens matériels et les normes sociales, une augmentation de l'amour, de la compassion, de l'empathie et du désir d'aider les autres sont fréquemment rapportés.
• Croissance spirituelle : souvent, il y a une diminution de l'affiliation religieuse, mais une augmentation de la spiritualité, de l'intérêt pour la méditation et la prière.
• Sensibilité intuitive accrue : de nombreux "EMIers" ressentent une augmentation de la clairvoyance, de la télépathie, de la précognition (rêves prémonitoires) et d'autres phénomènes psychiques, recevant des informations vérifiables par des moyens non-sensoriels. Des études scientifiques ont même montré des preuves d'intrication non-locale de la conscience.
• Problèmes psychologiques : en raison de l'incompréhension et du tabou social, les EMIers peuvent rencontrer des difficultés à intégrer leur expérience, entraînant des problèmes psychologiques. Le rejet par les proches et les professionnels de la santé est un obstacle majeur à l'acceptation et à l'intégration de l'expérience.

La connaissance des EMI est d'une grande importance pratique pour les professionnels de la santé, les patients et leurs familles.
• Prise en charge des patients comateux : des preuves suggèrent que les patients dans le coma peuvent être conscients de leur environnement. La communication, la musique et une approche positive peuvent favoriser leur rétablissement.
• Visions de lit de mort et communications après la mort : ces expériences, bien que taboues, sont courantes (25% des Européens, 30% des Américains ont rapporté un contact avec un défunt). Les professionnels devraient être conscients de ces possibilités pour mieux accompagner les mourants et les familles en deuil.
• Questions éthiques sur la mort cérébrale et le don d'organes : le concept de mort cérébrale est remis en question par la possibilité de conscience lors d'une EMI. Le livre soulève des préoccupations concernant l'information fournie aux familles et le processus de don d'organes, insistant sur le besoin d'une compréhension plus profonde de ce qui se passe après la mort clinique.

Pim van Lommel nous invite à remettre en question le paradigme matérialiste et à ouvrir nos esprits à l'idée d'une conscience non-locale et sans fin. Les découvertes sur les EMI, soutenues par des études scientifiques rigoureuses, suggèrent que la conscience pourrait précéder la naissance et survivre à la mort physique, fonctionnant indépendamment du corps dans un espace où le temps et l'espace n'existent pas. Cette nouvelle perspective sur la conscience a des implications profondes pour la science, les soins de santé et notre vision de l'humanité.