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jeudi 21 août 2025

Sur la Résurrection (Garry Habermas).



Le livre de Gary Habermas On the Resurrection : Evidences, tome 1 (2024) est une vaste étude des preuves historiques de la Résurrection de Jésus, s'appuyant sur une riche bibliographie de quelque 4 500 sources, dont la majorité ont été publiées à partir de 1975, en français, allemand ou anglais. Habermas, reconnu comme un expert mondial sur le sujet, utilise une approche rigoureuse appelée la méthode des "faits minimaux".


Qu'est-ce que la méthode des faits minimaux ? J'ai déjà abordé cette question dans un précédent article sur mon blog. J'en rappelle ici les caractéristiques : cette méthode vise à identifier les faits historiques concernant Jésus et sa Résurrection qui sont largement acceptés par un large éventail de chercheurs critiques, y compris ceux qui sont sceptiques ou non-chrétiens. L'objectif est de trouver un terrain d'entente pour la discussion, en partant de données que presque personne ne conteste. Un critère clé pour qu'un fait soit considéré comme "minimal" est qu'il doit bénéficier d'un accord quasi unanime (un pourcentage de plus de 90 %) parmi les chercheurs spécialisés qui publient leurs points de vue. Cette approche n'est évidemment qu'une des voies possibles pour établir l'historicité des événements.

Même en adoptant une approche très critique et "minimale", Habermas soutient que la Résurrection de Jésus est la meilleure explication pour les données historiques disponibles.

Je vais ici me concentrer sur les principaux faits minimaux centraux avancés par Habermas :

La mort de Jésus par crucifixion : C'est un événement historique largement accepté par les chercheurs bibliques, toutes croyances (ou incroyance) confondues.

L'expérience des disciples post-crucifixion : Les disciples ont eu des expériences qu'ils croyaient être des apparitions de Jésus ressuscité. Cette conviction a transformé radicalement leurs vies. Ils étaient prêts à mourir pour leurs convictions, ce qui est souvent considéré comme un fait distinct et important.

L'expérience de Paul : Paul était un persécuteur acharné des chrétiens avant sa conversion. Sa transformation radicale est attribuée à une expérience du Jésus ressuscité, qu'il croyait être une apparition. Le passage de 1 Corinthiens 15:3-8 est également considéré comme une formule ou un credo pré-paulinien extrêmement ancien, reçu par Paul et transmis par lui. Ce credo utilise des termes qui ne sont pas typiques du langage de Paul, ce qui renforce l'idée qu'il s'agit d'une tradition qu'il a reçue et reproduite fidèlement. Cela démontre le soin de Paul pour la pureté et l'exactitude de la tradition. L'expression de Paul "historēsai" en Galates 1:18, souvent traduite par "faire la connaissance de", impliquait une enquête ou une investigation pour acquérir des connaissances précises et vérifier l'information auprès de témoins accrédités.

L'expérience de Jacques, le "frère de Jésus" : Jacques était un quasi-incroyant avant la crucifixion, mais il est devenu un leader important de l'Église primitive (puis un martyr) après avoir eu une apparition du Ressuscité.

L'apparition aux 500 témoins : En 1 Corinthiens 15:6, Paul mentionne que Jésus est apparu à plus de cinq cents frères à la fois, dont la plupart sont encore vivants au moment où il écrit. Il s'agit d'une apparition de groupe, ce qui est considéré comme une preuve particulièrement solide. Les commentateurs récents tendent à prendre ce nombre de manière littérale, non pas comme symbolique ou excluant les femmes et les enfants, mais comme une indication du nombre d'hommes présents. Ce témoignage fait partie intégrante du credo précoce de 1 Corinthiens 15.

Le tombeau vide : L'historicité du tombeau vide est un fait qui a vu son acceptation par les chercheurs critiques augmenter considérablement depuis les années 1970. Il existe une quasi-unanimité parmi les érudits selon laquelle la fin originale de l'Évangile de Marc (Marc 16:8), considéré comme le plus anciens des Évangiles, se termine originellement avec le récit du tombeau vide, ce qui renforce sa crédibilité. De nombreux arguments (une vingtaine) sont avancés en faveur de ce fait, notamment le témoignage des femmes, qui aurait été très "embarrassant" dans le contexte culturel de l'époque (leur témoignage ne valait pas grand-chose chez les juifs) et donc moins susceptible d'être inventé.

Pour le reste, contrairement à la critique des formes de Rudolf Bultmann, qui postulait une longue élaboration orale anonyme des traditions par la communauté, Habermas s'appuie sur des recherches montrant que la tradition de Jésus a été transmise de manière beaucoup plus contrôlée. La mémorisation était une pratique universelle dans l'éducation antique. Les disciples de rabbins étaient censés mémoriser les enseignements de leurs maîtres, en insistant sur la préservation des mots exacts. Les Évangiles indiquent que Jésus s'attendait à ce que ses disciples mémorisent ses enseignements et les transmettent. L'oralité et l'écrit n'étaient pas des alternatives, mais complémentaires. Les cahiers de notes privées (hypomnēmata) servaient d'aides-mémoire pour la tradition orale, plutôt que de la remplacer. L'écriture a ensuite joué un rôle clé pour assurer la préservation fidèle des traditions de Jésus après la mort des témoins oculaires. En outre, les témoins oculaires nommés (tels que les Douze) sont considérés comme les garants vivants et actifs des traditions.

Ainsi, Habermas, à travers une recherche exhaustive et une adhésion stricte aux faits reconnus par une majorité de critiques, vise à établir la fiabilité historique des récits du Nouveau Testament concernant la résurrection de Jésus. Ce livre est essentiel.

Paul-Éric Blanrue.