Le petit (mais excellent) livre There Is a God: How the World’s Most Notorious Atheist Changed His Mind (2007), co-écrit par Antony Flew avec Roy Abraham Varghese, relate le parcours intellectuel extraordinaire de Flew, qui fut un philosophe renommé et l'un des athées les plus influents du XXe siècle... et qui, après bien des tumultes, finit par accepter l'existence de Dieu.
Il faut bien penser que pendant plus d'un demi-siècle, Antony Flew a été une figure de proue de l'athéisme anglophone, ayant rédigé plus de trente ouvrages philosophiques professionnels qui ont façonné le débat sur l'athéisme. Sa publication la plus célèbre, Theology and Falsification, présentée pour la première fois en 1950 au Socratic Club de l'Université d'Oxford (présidé par C. S. Lewis, dont l'argument moral n'avait pas convaincu Flew), est devenue l'œuvre philosophique athée la plus réimprimée du siècle dernier !
En 2004, Antony Flew a surpris le monde intellectuel (et ses amis "sceptiques") en annonçant sa "conversion" au théisme, une décision largement relayée par les médias sous des titres tels que "L'athée célèbre croit maintenant en Dieu". Cette transition n'a pas été le fruit d'une désespérance ou d'une foi aveugle, comme bien des sceptiques ont tenté de le faire croire, mais le résultat d'un engagement rigoureux guidé par le principe socratique de "suivre la preuve partout où elle mène".
Sa conviction s'est appuyée sur plusieurs arguments, notamment sur les lois de la nature et de l'origine de la vie. Flew a été particulièrement impressionné par le fait que les lois de la nature ne pouvaient pas être de simples faits bruts. Il a conclu que ces lois complexes et précises devaient émaner d'une « super-intelligence créatrice » ou de l'« Esprit de Dieu ». Il a trouvé l'idée que ces lois soient « presque conçues – finement ajustées » pour permettre l'émergence de la vie et de la conscience « trop fantastique pour être simplement donnée », suggérant que l'univers « savait d'une certaine manière que nous allions venir ».
En ce qui concerne l'origine de la vie elle-même, Flew a contesté l'explication purement matérialiste. Il a été frappé par la « complexité presque incroyable » des arrangements de l'ADN nécessaires à la production de la vie, ce qui, pour lui, implique inévitablement une « intelligence ». Il a rejeté l'idée que la vie ait pu émerger spontanément par hasard à partir de la matière non vivante, notamment la capacité de reproduction génétique, qualifiant le « théorème du singe » (vie par le hasard) d'« absurde ».
La présence de codes et d'informations sémantiques dans l'ADN – une réalité allant au-delà de la chimie simple – a également renforcé son argument en faveur d'une source intelligente. Il souligne que le gène n'est rien d'autre qu'un ensemble d'instructions codées contenant une recette précise pour la fabrication des protéines. Ce qui est le plus important pour lui, c'est que ces instructions génétiques ne sont pas le type d'information que l'on trouve en thermodynamique et en mécanique statistique ; il s'agit plutôt d'informations sémantiques. En d'autres termes, elles possèdent une signification spécifique. Flew a conclu que ces instructions ne peuvent être efficaces que dans un environnement moléculaire capable d'interpréter leur signification. Cette complexité "presque incroyable" des arrangements de l'ADN, nécessitant une intelligence, a été un facteur déterminant pour qu'il rejette l'idée que la vie ait pu émerger spontanément par hasard à partir de matière non vivante.
Enfin, l'apparition soudaine de la conscience, de la pensée et du soi dans l'histoire de la vie a constitué un autre élément clé qui explique, son évolution. Pour Flew, ces phénomènes « supraphysiques » ne peuvent logiquement provenir que d'une « source supraphysique » – c'est-à-dire un Esprit vivant, conscient et pensant. Il a critiqué le « Nouvel Athéisme » pour son engagement a priori en faveur du matérialisme, qui, selon lui, oblige à accepter des explications contre-intuitives, même face à des preuves logiques. Il a soutenu que l'expérience immédiate de la rationalité, de la vie, de la conscience et du moi s'oppose à toutes les formes d'athéisme.
Bref, s'interrogeant sur l'origine des lois de la nature, il a conclu qu'elles exigent ordre, précision et un fondement qui va au-delà d'une simple explosion fortuite dans l'univers matériel. Pour lui, l'existence d'une "super-intelligence créatrice est incontestablement une question scientifique", ce qui l'a amené à accepter l'idée d'une "conception intelligente de l'univers".
Bien que le livre se concentre sur sa transition vers le théisme, Antony Flew, dans ses discussions, a reconnu la force des preuves historiques entourant la figure de Jésus. Il a déclaré que les preuves de la Résurrection de Jésus sont "meilleures que celles des miracles revendiqués par toute autre religion. Elles sont d'une qualité et d'une quantité remarquablement différentes". Cette admission, venant d'un ex-athée de son envergure, est particulièrement significative.
Ce livre nécessaire, salué par divers universitaires, met en lumière le courage de Flew à modifier ses convictions profondes face à ce qu'il percevait comme des preuves convaincantes. Ce qui fait de lui un modèle pour tout chercheur de vérité.
Paul-Éric Blanrue.