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vendredi 15 mai 2015

La Chanson du pirate.

 
 
Là-bas sont lancées de féroces guerres
par des rois aveugles
pour quelques arpents de terre ;
moi je tiens pour mienne
toute l’étendue de la mer déchaînée
où nul n’imposa sa loi

Car mon bateau est mon trésor,
mon Dieu, c’est la liberté,
ma loi, la force et le vent,
mon unique patrie, la mer.

Et si je viens à tomber,
qu’es-ce donc que la vie?
Pour perdue
je la tins
lorsque je secouai,
comme un brave,
le joug de l’esclave.

Le butin
je le divise
à chaque fois
en parts égales;
je ne veux
pour richesse
que la beauté
sans égale.

Ma meilleure musique est celle
des aquilons,
le fracas et le frémissement
des cordages secoués,
de la mer noire les soupirs,
et le rugissement de mes canons

Le tonnerre
tambourine
et le vent
mugit
et je m’endors
tranquille,
bercé
par la mer...


José de Espronceda (1808-1842), La canción del pirata.