Selon
Mediapart, la commandante de police chargée de l'affaire Kerviel à la
brigade financière a témoigné à visage découvert, faisant basculer le
dossier vers un "scandale Société Générale".
Les nouvelles révélations de Médiapart sur l'affaire Kerviel
sont une bombe. Il n'y a pas d'autres mots. Selon le site d'information
en ligne, la commandante de police de la brigade financière au coeur du
dossier, celle qui a mené toutes les investigations depuis 2008, a été
convoquée le 9 avril dans le bureau du juge d'instruction Roger Le
Loire. Le témoignage qu'elle a livré à visage découvert est accablant
pour la Société Générale et l'appareil judiciaire.
En 2008,
lorsque l'enquêtrice de la brigade financière boucle son enquête et
rédige son procès-verbal de synthèse, elle est convaincue de la
culpabilité de Jérôme Kerviel. Elle n'a alors aucune raison de douter de
la fiabilité des témoins, ni des documents que la banque a bien voulu
lui fournir. C'est plus tard, bien plus tard, raconte Mediapart,
lorsqu'elle sera saisie des plaintes déposées cette fois par Jérôme
Kerviel contre la Société Générale, qu'elle aura accès à des éléments
supplémentaires et de nouveaux témoignages, que le doute, lentement,
s'immisce dans son esprit.
Les certitudes de l'enquêtrice vacillent
Le
site d'information en ligne raconte comment, au fil des mois, les
certitudes de cette enquêtrice pourtant chevronnée vont vaciller.
Comment elle a eu "le sentiment d'avoir été instrumentalisée par la
Société Générale", la manière dont la banque lui a "dirigé tous les
témoins", le manque d'effectifs qui l'ont empêchée d'exploiter tous les
scellés. Toujours selon Mediapart, l'enquêtrice relate au juge les
témoignages qu'elle a reccueillis laissant entendre que la banque
connaissait les agissement de Jérôme Kerviel. Enfin, elle évoque,
détails à l'appui, l'attitude du parquet qui a tout fait pour enterrer
l'affaire
Lorsqu'on termine, stupéfait, la lecture de l'article de Médiapart, les images il y a un an de l'ancien trader au poste frontière de Menton reviennent brutalement à l'esprit. Souvenez-vous, quelques heures avant son interpellation par les policiers de Menton (à lire le récit exclusif des 100 jours de de prison),
lorsque Jérôme Kerviel passe la frontière à Vintimille sous une nuée de
caméras de télévision, il interpelle François Hollande. Il lui demande
alors, non pas une grâce présidentielle comme certains ont bien voulu le
dire, mais l'anonymat des personnes prêtes à témoigner. A ce moment, il
sait que ces témoins s'ils étaient entendus et protégés feraient tomber
l'accusation. Que l'affaire Kerviel se transformerait instantanément en
affaire Société Générale. Une enquête fouillée de Médiapart - déjà !-
ne venait-elle pas de révéler des dysfonctionnements graves dans son
dossier ?
On
ose imaginer, les années de doutes, d'angoisses, de cauchemars, de
culpabilité aussi qui ont dû broyer la vie de cette femme avant qu'elle
ne se décide à briser le mur du silence. En sortant du pôle financier,
il y a quelques semaines, cette femme a rejoint le cercle restreint des lanceurs d'alerte. Une espèce encore insuffisamment protégée dont on ne saluera jamais assez le courage.
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