Fidel Castro, in Ignacio Ramonet, Fidel Castro, biographie à deux voix, Fayard, 2006 :
- "Il ne faut pas oublier que presque tous mes professeurs étaient
espagnols et nationalistes, d'idéologie de droite, franquiste et
réactionnaire ; et pourtant, pour former le caractère et inculquer
l'austérité et la discipline, je n'en ai jamais eu de meilleurs (...)
Les jésuites savent forger le caractère des jeunes gens. Si un élève se
distingue par la pratique d'activités difficiles et risquées, ils y
voient une preuve d'esprit d'initiative et de ténacité. Ils ne les
refrènent pas.... Les jésuites espagnols savent inculquer un sens aigu
de la dignité, le sens de l'honneur ; ils savent apprécier la force et
le caractère, la franchise, la droiture, le courage de la personne, son
esprit de sacrifice."
- "Nous ne nous soucions guère des soldats ennemis tombés au combat, mais
pour ceux qui se rendaient ou étaient faits prisonniers, en revanche...
Sans ça, on en peut pas l'emporter... Il y a des principes élémentaires
dans la guerre et en politique. L'éthique n'est pas simplement une
question morale, l'éthique est rentable... Je vous l'affirme : il est
impossible de gagner une guerre sur la base du terrorisme. C'est aussi
simple que cela. C'est prendre le risque de rencontrer l'opposition,
l'inimitié, et le rejet de tous ceux dont on a précisément besoin pour
gagner la guerre... Pas de magnicide, pas de victimes civiles, pas de
régime de terreur. À quoi bon ?"
- "Personne ne pose la moindre question concernant les armes nucléaires
que détient Israël. Personne ! Dans le monde ne circulent que les
informations qui intéressent l'empire américain et ses alliés..."
- "On l'oublie parfois, Hitler est arrivé en janvier 1933 à la tête du
gouvernement comme chancelier d'Allemagne suite à des élections, et non
après un coup d'État."
Blanrue : une passion pour la monarchie cubaine |
- "Les États-Unis ont poussé tous les pays d'Amérique latine ainsi que
tous leurs alliés à rompre avec Cuba. Or, même si nous critiquions et
attaquions Franco, il a été le seul, dans ces circonstances, qui ne
s'est pas soumis au diktat de Washington... Il a eu une attitude
correcte qui mérite notre respect et même, sur cet aspect précis, nos
remerciements. Il n'a jamais voulu céder à la pression américaine. Il a
agi avec un entêtement purement galicien... Finalement, Franco a démontré
qu'il avait de la clairvoyance politique... Je n'ai jamais entendu dire
que Franco avait mis la main sur autant d'argent que d'autres ont pu le
faire. Il était certes appuyé par des riches, mais il semblerait que
son administration était moins corrompue... J'apprécie beaucoup Juan
Carlos, un roi, qui, comme vous le savez, a été formé sous Franco. On
peut reconnaître à celui-ci un certain mérite : avoir établi une méthode
pour éduquer convenablement un roi. Enfin, cela lui a permis d'acquérir
des connaissances militaires, navales... La méthode employée pour
former un roi d'Espagne a porté ses fruits. Sans nul doute, Juan Carlos
est un vrai gentleman."
- "Georges Marchais venait fréquemment à Cuba. Presque tous les ans, il
passait ses vacances ici avec sa femme, Liliane, et ses enfants... Un
jour, j'ai demandé à Marchais : "Que pensez-vous faire quand vous
accéderez au pouvoir ? " Il m'a répondu ; "Nous allons nationaliser
toute une série de banques et de grandes entreprises." "Attention !,
l'ai-je averti. n'allez surtout pas nationaliser l'agriculture. Laissez
les petits producteurs en paix. N'y touchez surtout pas. Sinon vous
pourrez dire adieu au bon vin, aux délicieux fromages et à votre
excellent foie gras"."
- "Jean-Edern Hallier est venu ici en 1990. Avant cela, il avait écrit un
livre qui m'avait beaucoup plus, L'Évangile du fou. C'était un
polémiste talentueux et un pamphlétaire féroce. Avec une imagination
débordante. Un véritable agitateur. Nous avions en commun notre origine
celte - qui de mon côté me vient de mon père, né en Galice -, une
origine dont il était très fier. C'était un éternel rebelle qui n'avait
pas sa langue dans sa poche et n'épargnait personne... Puis nous avons appris sa mort en 1997. Cela m'a causé une peine immense. Il était jeune
et avait un talent exceptionnel."
- "Ce qui fait toute la grandeur de Perón, c'est qu'il a su exploiter les
réserves et les ressources immenses de ce pays si riche qu'est
l'Argentine, et amélioré les conditions de vie des travailleurs. Cette
classe sociale, toujours reconnaissante et fidèle à l'égard de ses
bienfaiteurs, a fait de Perón, jusqu'à la fin de sa vie, une idole du
petit peuple."
- "Le gendarme le plus puissant du Moyen-Orient, le shah d'Iran, fut
renversé, pouvons-nous dire, par une rébellion de masse.
Extraordinaire exemple prouvant qu'à certains moments le peuple peut
renverser l'armée la plus puissante, à coups de revendications, d'idées
et d'héroïsme, et ce pratiquement sans tirer un coup de feu. L'exemple
de la révolution islamique d'Iran est à cet égard historique."
Roger Garaudy et Fidel Castro |