LIEN
En format de poche depuis 2014, avec un long article de Blanrue sur le Suaire
"Le
suaire apparaît très mystérieusement dans la collégiale de Lirey, en
Champagne, sans que l'on sache précisément ni d'où il vient ni comment
il est arrivé là. Geoffroy de Charny, le fondateur de cette église, un
personnage haut placé dans le royaume puisqu'il arrive juste après le
roi, organise les premières ostensions en 1355. A l'époque, chaque
collégiale se doit de posséder un certain nombre de reliques afin
d'attirer des croyants et les dons. Les fausses reliques se fabriquent
alors de façon presque industrielle. La question de leur authenticité ne
se pose pas. On achète un peu n'importe quoi, et les pèlerins sont
prêts à venir de loin pour les admirer. Pourtant, dès le début, l'Eglise
s'intéresse à ce suaire et se montre particulièrement méfiante. Les
évêques de Troyes font mener une enquête et en interdisent les
ostensions. D'après l'historien Paul-Eric Blanrue, ces investigations
auraient mené à l'arrestation d'un artiste qui aurait avoué la
fabrication du suaire. Evidemment, l'interdiction des ostensions
déclenche la colère des chanoines de Lirey. Leur grogne, en passant par
le roi de France, remonte aux oreilles du pape, qui, prudent, décide de
ramener le calme en 1390 en autorisant les ostensions, mais en demandant
qu'il soit dit, « à haute et intelligible voix, au moment du plus grand
empressement de fidèles, que le suaire n'est pas le vrai suaire de
notre Seigneur, mais une figure ou une représentation du suaire du
Christ ». Tant pis pour les recettes de l'Eglise.
(...)
Pour les partisans du suaire, la preuve la plus
évidente est l'impossibilité de le reproduire. D'après André Marion,
l'image présente huit caractéristiques que l'on n'a jamais réussi à
reproduire en même temps : finesse des détails, image négative,
indélébile, tridimensionnalité (l'intensité de l'image est fonction
inverse de la distance du corps au drap), impression superficielle et
invisible à l'envers du tissu (à l'exception des taches de « sang »),
absence de traces de pinceau... Pourtant, le Dr Di Costanzo, du centre
hospitalier universitaire de Marseille, prétend réaliser, pour le
magazine « Science & vie » (juillet 2005) un faux suaire dont la
similarité avec le vrai est, affirme-t-il, tout à fait surprenante. Le
21 juin, l'historien Paul-Eric Blanrue a également effectué cette
reproduction sous nos yeux. Un drap de lin mouillé est appliqué sur un
bas-relief représentant le visage du Christ supplicié. Après séchage, il
est tamponné avec une solution d'oxyde ferrique mélangée à de la
gélatine (qui contient du collagène), afin de respecter les matériaux
existant au Moyen Age. Le négatif de cette empreinte mérite d'être
comparé avec celui du suaire... A vous de juger !
(...)"
Mise à jour le 20 avril 2015
Paris-Match, Mariana Grépinet
Paris-Match, Mariana Grépinet