S'il était vrai, comme le propagent les militants benêts du FN qui
défilent sur les écrans pour cracher à qui mieux mieux sur le fondateur
de leur parti, que la Seconde Guerre mondiale n'est "pas d'actualité" et
qu'il faut cesser d'en parler une fois pour toutes pour se consacrer à
la politique contemporaine, on s'interroge alors sur la raison pour
laquelle l'ensemble des médias et de la classe politique y revient
chaque jour que Dieu fait, du matin au soir et du soir au matin
- et ce que Florian Philippot, par exemple, va faire au cimetière de
Colombey-les-Deux-Églises. Et on se demande aussi pourquoi, dans ce
cas-là, on n'entend pas hurler de dépit ces emmanchés tant épris de
quotidienneté et de "politique de terrain".
La démocratie a
réussi son pari : rayer l'histoire de la tête de ses adeptes.
L'histoire commence au dernier scrutin et s'achève lors des prochaines
élections : le calendrier électoral est devenu l'alpha et l'oméga de la
nouvelle Weltanschauung. Il me semble au contraire qu'aimer son pays
c'est aussi aimer son passé et le défendre contre les mensonges qui en
défigurent l'appréciation. Quand des affabulations, des impostures, des
fables, de mauvaises blagues servent à l'empêcher de redevenir
souverain, à l'asphyxier sous la propagande étrangère, à l'abolir dans
un geste de mépris, à insulter les anciens (ces pères dont parle le mot
patrie), à effacer les valeurs qui l'ont constitué et à cadenasser la
pensée politique d'aujourd'hui, il devrait paraître
évident à tout patriote sincère que son devoir est de les combattre jour
après jour avec "l’épée à deux tranchants" dont parlent les Écritures,
et non de tirer à vue comme un sniper du camp adverse sur ceux qui les
bravent. Le néo-FN, avec ses militants conformistes, trouillards, naïfs
ou cyniques, a totalement oublié cette évidence. On sait pourquoi, on
sait pour qui.
Ce n'est pas Jean-Marie Le Pen qui a impatronisé la Seconde Guerre mondiale dans les esprits. Ce n'est pas lui l'obsédé. Il réagit. Comme il peut. Pas toujours comme il le faudrait, sans aucun doute. N'importe : ce sont précisément ceux qui l'accusent d'être resté bloqué sur Pétain et les chambres à gaz qui devraient faire un tour chez le psy.
Paul-Éric Blanrue