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dimanche 13 août 2023

Sommes-nous égoïstes ?

"Pas une heure ne passe sans qu’un média mainstream ne nous jette à la figure une hideuse description de l’individu moderne. Nous sommes tous un tas d’immondes égoïstes, repus et heureux de vivre comme des porcs dans leur bauge. De mauvais citoyens qui votent peu et mal. De misérables marauds qui ne pensent qu’à leur petit confort et se désintéressent outrément du malheur du monde, de l’égalité salariale des femmes et du mansplaining, de la souffrance animale, des immigrés, des SDF, des mal-logés, de « Dame nature », de la couche d’ozone, du réchauffement climatique (sic). Les prédicateurs bien en cour n’ont que le mot « inégalités » à la bouche – inégalités contre lesquelles la morale civique nous commande de combattre sous peine d’être qualifiés de bourgeois ou de fascistes. Si l’on est un mâle blanc hétérosexuel, les péchés que nous avons à expier sont pis encore ! Nous voici coupables d’à peu près tout ce que le monde a produit depuis des millénaires en matière de massacres abjects, d’esclavages répugnants, de misères atroces et de génocides infernaux.
Je crois au contraire que la plupart de nos contemporains sont soumis à des exigences extérieures qu’ils ne contrôlent pas et que le véritable mal vient de là. L’individualisme présent n’est qu’un mot creux. Nous sommes plongés dans une société où il est devenu interdit de penser par nos propres facultés. Nous sommes imbibés de valeurs choisies pour nous, par d’autres que nous. Lorsque clamer ce que l’on a sur le cœur devient un crime de la pensée, quand l’État, omniprésent dans nos vies, se dote d’un pouvoir discrétionnaire sur nos esprits, nous impose des normes de comportement au point que sa police traque les réfractaires et que la justice les punit à de lourdes peines, on ne peut, quand on a un soupçon de dignité, se permettre le luxe de se laisser aller à abandonner le « soi », entité réelle ou illusoire, pour faire plaisir à ses contempteurs - sauf à se retirer pour le reste de nos jours chez les Chartreux ou dans un ashram (ce qui n’est pas donné à tout le monde), en priant pour que l’État et sa bureaucratie tatillonne n’y mettent pas les pieds (chose à peu près impossible)."
Paul-Éric Blanrue, SÉCESSION.