Cher Paul-Éric Blanrue,
Je tenais à vous adresser une
lettre de félicitation après avoir découvert votre préface du livre de Salim
Laïbi. Je dois dire que vous dépeignez avec justesse le personnage Soral et
répondez aussi au personnage sur son discours.
Je tenais également à vous donner
mon humble avis sur les critiques qui pleuvent sur qui ose s’en prendre à
Soral.
Il n’est évidemment pas question de renier tout ce qu’a dit ou fait Soral,
puisque certaines de ses analyses sont vraies[1]
et que vendre des livres n’est pas un défaut loin de là, ce n’est pas ce qui
lui est reproché. Mais la question dans toute entreprise part de son intention
jusqu’aux objectifs. Comme disait son "bras droit Jésus" : "Dieu regarde
d’abord les intentions qui émanent du cœur". Il y a en effet une grande
différence entre utiliser des arguments politiques et historiques pertinents dans
le but d’ouvrir les consciences et d’élever les âmes afin d’opérer des moyens
de résistance à sa propre échelle (ce qui n’empêche effectivement pas d’en
vivre), et utiliser ces mêmes arguments politiques et historiques mais dans le
but de rallier des gens à des intérêts plus ou moins obscurs (le fric comme
priorité, les liens avec le Front). Ce n’est donc pas tant les sommes que gagne
Soral qui nous intéressent mais plutôt la réalité de son combat. La réalité se
résume à donner son avis sur une vidéo et surtout gagner de l’argent sur le dos
d’un combat ! Pourvu que le combat dure alors….
En outre, sur les questions de fond, il faut avouer qu’il est difficile
de dire si Soral « a raison » ou s’il se trompe, étant donné qu’il
change d’avis pratiquement tout le temps !
Le dernier en date est sa position vis-à-vis du Front National. Soral
nous avait dit dans ses vidéos que Marine était « la meilleure résistante au système », qu'elle ne pouvait pas
devenir « une soumise intégrale »
de par son histoire, son parcours et le fait qu'en face d'elle il y avait des
racialistes qui ne pourraient jamais l'adouber[2].
Ce même Soral nous dit aujourd’hui que Marine est sur une ligne sioniste et
qu’il avait toujours su qu’il en irait ainsi. C’est ce qui explique que son
site, Égalité et Réconciliation, ressorte un texte retranscrit d'une de ses
vidéos, intitulé « L’avenir du front
National: ce qu’écrivait Alain Soral en 2008 ». A travers cet article Soral
nous met en garde sur la mutation qui se joue au Front, qui pour se « dédiaboliser » abandonnerait le
politiquement incorrect. Le FN qui depuis peu, aurait rejoint les analyses de
Soral sur le plan économique ferait alors une erreur monumentale en cédant sur
le plan idéologique pour rallier le mondialisme. A.S. valide donc la ligne
économique et sociale mais fournit une critique acerbe sur l’abandon de la
ligne idéologique. Admettons.
Mais pourquoi donc, après avoir repéré cette gangrène, avoir soutenu le
FN? Pensait-il faire « pression de
l’extérieur » comme il aime à le dire? Nous aurions pu lui concéder le
bénéfice du doute face aux bons sentiments qui l’animaient. Cependant, pourquoi
avoir alors affirmé dans une vidéo en 2011, en réponse à ceux, (qu’il nomme les
"imbéciles" ou les "agents"), qui lui demandaient si Marine était sioniste ou non:
« Marine essaye de se rapprocher du
pouvoir […] si vous voulez vous rapprocher du pouvoir, vous ne pouvez pas être
antisioniste frontal. […] Marine a compris qu’il fallait qu’elle donne des
gages pour ne pas être diabolisée ». Pour couronner le tout, Soral ajoute
dans ce passage que le principal combat de Marine était l’économique et le
social (la gauche du travail) qui étaient, pour ceux qui avaient bien compris,
« le vrai combat antisioniste car
résistance au mondialisme ». Très bien, mais ces propos annulent l’argumentaire
de Soral de 2008.
Et qu’en est-il de son soutien au Front qui présentait Philippot sous les
traits d’« un gars sur la ligne ER »,
qui devait faire plier la ligne Aliot ? La grande faculté de Soral c’est
qu’il peut aujourd’hui vous critiquer Marine et même le Menhir, comme il vous
les vendait hier !
Les pirouettes de Soral font penser à ces hommes qui remplissaient la Chambre des pairs, fruit
d’une période de turbulence de la vie politique française: la Révolution, l’Empire, la Restauration… où des
petits Soral ont prospéré vantant eux aussi des idées vraies mais dans le but
de garder leur fauteuil au Palais du Luxembourg, et qui furent immortalisés
dans le Dictionnaire des girouettes en
1815.
L’objectif étant de tenter de mieux comprendre les retournements de veste
de notre "ami", il n’est pas absurde de s’intéresser à ce qui se passe derrière
le rideau, afin de voir ses soutiens, notamment financiers !
Pourquoi donc certains acceptent aisément le dicton « d’où vient
l’argent » quand il s’agit des autres et pas quand il s’applique à
Soral ? Il est important de connaître ses accointances avec le Front et ce
qu’il fait de l’argent de l’association ER puisque cela influe sur ses
positionnements. Il n’est donc pas obscène, comme le disait Soral, de savoir
d’où vient et où va l’argent, surtout quand on prétend faire de la politique.
Je vous épargnerai l’épisode de l’homme qui disait: « pour faire de la politique, il faut sortir
du système électoraliste », car la métapolitique, selon lui, permettait de
sortir de la politique politicienne et de la logique électoraliste à court
terme. Ce même homme est à la tête aujourd’hui, du parti Réconciliation Nationale…
Quant aux défenseurs de Soral qui nous disent que les attaques auraient pu
s’abstenir de divulguer des détails sur sa vie privée qui ne font pas honneur
au combat et n’ont pas de sens sur le terrain des idées. Nous aurions pu souscrire
à cet argument, mais pas quand l’homme concerné nous dit pour appuyer ses dires,
qu’il est instructeur de boxe, qu’il s’est battu contre diverses adversaires
dans la rue ou en soirée, qu’il aime les femmes et méprise les
« pédés », que Jésus serait assis à côté de lui, etc. C’est bien
Alain Soral qui nous a appris cela et qui s’en est vanté. Or quand tout cela
est faux, il faut savoir la boucler…
Soral ne peut pas non plus demander à ses adversaires une élégance quand
lui, homme d’un autre niveau, est le premier à taper en dessous de la ceinture.
Doit-on rappeler ses sorties sur la vie privée ou le physique de Maffesoli,
Arielle Dombasle, Joey Starr, Guillon, Noah et même sur l’adorable Marion
Sigaut, alors que cela n’avait pas d’intérêt dans l’argumentaire « des
idées » ?
« Y’a des impulsifs qui téléphonent, d’autres
qui se déplacent » comme disait Michel Audiard. Soral fait partie de la première
catégorie. Il passe des coups fils sans cesse pour « s’occuper du cas untel... », rassembler l’entourage d’un ennemi
pour faire des vidéos, sortir des infos poubelles ou humiliantes sur
l’intéressé.
Il n’est peut-être pas évident pour ceux qui l’ont suivi d’admettre
ces faits tant, l’essayiste nous a fait admettre que la moindre critique à son
égard serait vue comme une attaque du système ou de la jalousie. Nous refaisant
un remake d’Andersen, Soral réveille
ce vieux réflexe pavlovien qui nous empêche de voir les choses telles qu’elles
sont, ainsi il nous rejoue le tour des
deux tailleurs-escrocs venus présenter à l’empereur une étoffe que seules les
personnes sottes ne pouvaient pas voir.
Prendre les gens pour des cons à ce point, moi je dis que ça devient
gênant… Il est temps de dire que « le roi est nu », en l’occurrence l’expression
est ici assez bien choisie car souvent illustrée par cet homme passé maître
dans l’art du selfie.
Il est donc important de rappeler que si Soral dit des choses vraies
(comme d’autres), il ne fait pas autre chose que donner son opinion sur un
canapé ou dans une salle des fêtes ; après avoir jeté un œil sur son fil
d’actualité facebook. Pour le reste, il s’occupe de faire vendre des produits.
Peut-on un instant le comparer à Ratier pour sa capacité de
travail ? À vous, Paul-Eric Blanrue qui avez produit entre autres : Le Monde contre soi: anthologie des propos
contre les Juifs, le judaïsme et le sionisme, Sarkozy, Israël et les juifs et Jean-Marie,
Marine et les juifs, que jamais Soral n’aurait eu la capacité de produire.
Peut-on rappeler à Soral que la majorité de ses procès sont le fruit
d’insultes et pas d’idées ? Que vous aussi, Paul-Eric Blanrue, passiez
avant à la télé et que vous avez connu les plus grandes difficultés à
travailler après avoir lié votre nom à celui de Faurisson, ce que Soral a
longuement hésité à faire tant il avait les michokottes ?
Enfin, peut-il autant se plaindre que Vincent Reynouard qui connaît lui de
réelles menaces ?
Afin d’achever
cette lettre, il faut commencer par dire à Soral d’arrêter de prendre chaque
critique pour de la jalousie ou pour une attaque du système, qui serait
orchestrée par une cellule du ministère de l’Intérieur. Balkany a aussi beaucoup de procès et ce
n’est pas un ennemi de l’Empire ! Il faut savoir regarder les choses en
face, il s’agit peut-être simplement de personnes qui souhaitent éclairer les
réelles intentions du père Soral. En effet, je me souviens d’un jour où ce
dernier critiquait Eric Zemmour car selon lui, il disait des choses justes mais
déviait les sujets intéressants pour amener les gens à des conclusions fausses.
Soral avait alors rétorqué une phrase de ce style : « Je préfère un
pourri intégral à quelqu’un qui dit des demi-vérités ». Aujourd’hui, ils
sont plusieurs à souhaiter dire la même chose à Monsieur Soral.
La dernière chose
qu’on pourra dire à Soral c’est que plus jamais il ne pourra rire du faux
diplôme de Gilles Berheim, des séances de jambes en l’air d’Arielle Dombasle,
du « coup d’état permanent » de Mitterand, ou des tendances saphiques
de certaines journalistes.
Pour les
spectateurs, un moment de réflexion
s’impose. Semblable au syndrome qui s’était emparé du personnage de Grace sous
les traits de Nicole Kidman dans Dogville,
il est temps de dépasser l’impression ou la compassion que peut susciter le
personnage Soral pour savoir admettre quand il agit mal ou quand il se trompe,
sans lui chercher des excuses qu’il ne prend même plus la peine de trouver.
Quant à estimer qu’il s’agit d’une
attaque du système, cela est le comble du ridicule… Les agents envoyés seraient
donc si médiocres ? Il faut peut-être aujourd’hui considérer que soit les
services du Mossad sont très mauvais, soit Soral a un service de protection
digne de Fidel Castro et un cabinet noir à faire pâlir celui de feu Louis XIV!
Pour les proches
de Soral, il n’y a rien à leur dire, car ils savent. On pourrait juste leur
donner ce conseil du "diable boiteux" : « Un
ministère qu’on soutient est un ministère qui tombe ». Pour les autres,
ceux qui voient de loin, je leur conseille de méditer cette phrase de Miguel de
Unamuno: « Une foi qui ne doute pas est
une foi morte ».
Votre obligée,
L.