Le 10 mai 1981 ? Souvenir personnel ! Le socialo-communisme d'Etat a motivé mon entrée en politique, ou plutôt mon intérêt pour la chose politique, car je n'ai jamais porté casaque dans une quelconque élection. Sous VGE on s'emmerdait ferme, mais sous Mitterrand on étouffait dur ! Il fallait agir. Au lycée, à la télé, dans les discussions familiales, partout, la moraline coulait à flot.
C'était tombé comme ça, d'un coup brutal, comme un éclair par beau temps : nous étions cadenassés. Bam ! Les chars russes n'étaient pas entrés dans Paris, mais tout à coup on nous empêchait de réfléchir par nous-mêmes. C'était fini, nous n'avions plus le droit d'être de droite même si on n'avait jamais pensé en être. La contestation c'était du nazisme. Le sectarisme nous faisait la leçon. Sous peine de lourdes réprimandes, nous étions sommés de fréquenter avec assiduité la grande église laïcarde, pourrie de bonne conscience et confite de grands mots vides de sens, gonflés à l'hélium, qui s'élevaient à perte de vue dans le ciel rose du néant. On avait l'impression d'être prisonniers à perpète dans la prison de la bien-pensance. Et puis Mauroy, Cheysson, Defferre, Jack Lang, Yvette Roudy, Pierre Joxe, quelles sales gueules !
Je n'ai jamais fait partie de ces gens de droite fascinés par le trouble double visage du Florentin, causant de Marx dans les meetings et lisant Chardonne avant de s'endormir. Je voyais benoîtement ce qu'il se passait autour de moi, je flairais l'endoctrinement général, la montée des périls, la fin d'une époque que nous avions aimée, la mort de l'innocence, puisque nous étions tous désormais des coupables.
Mon premier article "de combat" date de 1984, dans les colonnes du journal des jeunesses RPR de Lorraine, "Vitamine C". Ce texte de deux pleines pages portait sur la francisque de François Mitterrand, dix ans avant la soi-disant révélation de Pierre Péan. Le directeur en était l'actuel maire de Metz, François Grosdidier. J'avais 14 ans. Je pensais faire un tabac, je croyais que tout le monde allait reprendre une info qui ne circulait que dans certains cercles confidentiels. Que tchi ! Le magazine passa dans les mains de Toubon, Messmer, Pasqua, tutti quanti, sans faire plus de bruit qu'une mouche qui succombe à un arrêt cardiaque.
On a souvent tort d'avoir raison trop tôt. Réflexion toujours valable aujourd'hui. La Sécession ? Songez-y ! Suivez mon regard.
Paul-Eric Blanrue