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vendredi 15 octobre 2010

ARCHIVES (20) BLANRUE DANS HISTORIA : " Oswald, un coupable tout désigné" (01/12/2003 - 684)

Au lieu d'éclaircir les zones d'ombre de l'affaire, la biographie de Lee Harvey Oswald multiplie les pistes, contribuant à  accentuer les présomptions de complot. La Commission Warren le présente comme un inadapté social doublé d'un marxiste. Il est extraordinaire qu'un tel homme parvienne à  s'engager dans les marines et surtout qu'on l'affecte à  la base d'Atsugi, au Japon, qui gère le programme des avions secrets U2 contre l'URSS.
Après l'armée, Oswald effectue un long séjour en Union soviétique (1959-1962). Il est difficile d'admettre qu'au sortir d'une escapade au cours de laquelle il a tenté de renoncer à  sa nationalité tout en exprimant l'intention de livrer des secrets militaires, cet ex-transfuge parvienne à  rentrer si facilement aux Etats-Unis.
Bénéficie-t-il de facilités au sein de la diplomatie américaine, en tant qu'agent de la CIA ? Le Journal historique (12 pages) qu'il rédige, pour s'expliquer sur sa période russe, et son désir de regagner précipitamment les Etats-Unis (marié à  la Russe Marina, dont il a une petite fille), c'est parce qu'il est déçu par le régime soviétique. Certains pensent que ce Journal a été " arrangé " après coup.
En 1963, Oswald se fait à  nouveau remarquer en distribuant des tracts en faveur d'une association soutenant Fidel Castro. Mais il fréquente aussi des anticastristes notoires, et lorsqu'il emménage à  Dallas, il côtoie des exilés russes comme le baron George de Mohrenschildt. Ce dernier le présente à  son amie Ruth Paine, qui le fait embaucher au dépôt de livres, un mois avant la venue de Kennedy à  Dallas.
Le FBI s'intéresse naturellement à  ses activités. A la CIA, son dossier porte le n° 201. On peut donc se demander comment il parvient à  assassiner Kennedy au vu et au su des agents chargés de le surveiller.
La Commission rapporte que deux mois avant l'assassinat, Oswald s'est rendu au consulat de Cuba à  Mexico pour obtenir un visa de transit pour l'Union soviétique. Il serait également allé à  l'ambassade d'URSS pour faire une demande d'émigration. Mais la photographie présentée comme preuve de cette visite par la CIA (qui filme la résidence diplomatique), ne correspond pas aux traits d'Oswald.
Voilà  pour son passé trouble. Venons-en au 22 novembre.
En confrontant les témoignages, on se rend compte qu'Oswald n'a disposé que d'un quart d'heure pour placer les boîtes afin de s'y appuyer, assembler le fusil, tirer trois fois sur Kennedy, cacher le fusil, descendre au premier étage et s'offrir une boisson gazeuse. C'est très court.
On a également remarqué que la lunette télescopique de sa carabine n'était pas bien alignée - il est possible qu'Oswald ait déréglé le viseur en jetant son fusil à  terre après les tirs. Reste que cette arme est pour les spécialistes " universellement condamnée comme imprécise et lente ". Dans des conditions favorables, un seul des trois tireurs d'élite mandatés par la Commission Warren réussira à  rééditer l'exploit présumé d'Oswald.
L'autre problème, c'est que le test à  la paraffine, permettant de révéler les traces de poudre sur la peau d'un individu ayant récemment fait usage d'une arme, n'a pas été concluant. Pratiqué sur Oswald le soir des deux assassinats (Kennedy et Tippit), il révèle la présence de poudre sur ses mains mais pas sur ses joues ni son cou. Oswald aurait donc utilisé un revolver et non un fusil. Ce détail n'a pas empêché le procureur Wade, jouant sur la confusion du mot gun (arme), de prétendre que ses résultats constituent une preuve de culpabilité.
Sait-on au moins où Oswald a acheté ses cartouches ? Le fusil a été vendu sans chargeur. La Commission s'est dispensée de faire la lumière sur ce point. Elle a également mis sur le compte d'une erreur humaine le fait que ce fusil soit d'abord présenté au public comme un Mauser, de fabrication allemande, calibre 7,65, alors que le Mannlicher-Carcano est estampillé " Made Italy " et " Cal. 6,5 ".
Bref, pour nombre d'enquêteurs indépendants, Oswald est la victime d'un complot, au même titre que Kennedy. Pourtant, le dossier contient des pièces à  charge : au moment des tirs, Oswald, présent dans l'entrepôt, n'a aucun alibi. Le Mannlicher-Carcano et le revolver calibre .38 (utilisé pour abattre Tippit) lui appartiennent. Si l'on se fie aux expertises, ces armes ont servi à  perpétrer deux meurtres. Des employés du dépôt de livres, qui regardaient la parade depuis le quatrième, ont entendu des coups de feu tirés de l'étage supérieur. Le départ précipité d'Oswald du dépôt indique enfin qu'il n'est pas étranger aux événements.
Encore faudrait-il déterminer son rôle exact et ses véritables motifs. De son coin de cimetière à  Fort Worth, Lee Harvey Oswald ne risque plus de s'en expliquer.
Paul-Eric Blanrue

mis en ligne par floriana