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dimanche 13 décembre 2015

L'homme de la soirée : Charles Maurras !

Charles Maurras est l'homme de la soirée ! Une nouvelle fois !
Le FN est largement battu au second tour et ne remporte aucune région. Comme toujours, on nous avait menti. Les élections n'ont pas suivi le scénario apocalyptique décrit par la classe médiatico-politique. 
Cela fera-t-il réfléchir nos chers démocrates, pour qui le bulletin de vote est l'alpha et l'omega de la vie politique ?
Faut-il continuer de miser tous les espoirs dans les urnes ?
J'en profite pour reposer ma question de la semaine dernière, car c'est dans ces cas-là, quand la raison rencontre la passion, qu'il faut y réfléchir : Depuis cent ans, quelles élections ont-elles endigué le déclin de la France et l'ont-elles remise sur le chemin de la grandeur ?
Devant les résultats (très largement prévisibles) de ce soir, ceux qui ne l'ont pas fait peuvent se mettre à lire, sans perdre une minute, Mes idées politiques (1937) de l'immense Charles Maurras, qui a osé dire que "la démocratie c'est le mal, la démocratie c'est la mort". 
Il ne s'agit pas de conserver en place les hommes ayant le pays en charge, au contraire ; mais comme le suffrage universel est par nature conservateur, il ne faut jamais en espérer une révolution. Il faut autre chose. Quoi ? Lisez Maurras, il vous le dira et le démontrera.

Paul-Éric Blanrue




Le suffrage universel est conservateur. Nous n'avons  jamais  songé à supprimer le suffrage universel. On peut dire que le suffrageuniversel doit élire une  représentation  et non un gouvernement,  sans vouloir supprimer ce suffrage, et en voulant tout le contraire.
Car ce suffrage, entre bien des vertus ou bien des vices, possède une propriété fondamentale,  inhérente à son être même : le suffrage universel est conservateur.
Les théoriciens plébiscitaires n'ont pas tort de comparer le suffrage universel à la « masse » des  physiciens. Il est a peu près aussi « inerte » qu'elle. Leur tort est de mal appliquer cette vérité, et  de considérer un suffrage inerte soit comme le moyen de créer le Souverain, soit comme un ressort d'opposition et de révolution. Leur erreur sur le premier point est évidente. Sur le second, il suffit de songer qu'il faut un prestige bien fort, une popularité bien puissante pour émouvoir, pour ébranler un pesant amas de volontés qui ne concordent que dans l'idée d'un profond repos. L'appel au peuple peut être un utile et puissant levier dans les périodes de trouble, quand le gouvernement hésite et incline de lui même à la mort. Il ne vaut pas grande chose dans les autres cas. Il ne vaut rien contre un parti bien constitué, fort, uni, résolu à exploiter la nation jusqu'à l'os.
Hors les heures critiques, et tant qu'il paraît subsister un ordre matériel quelconque, le suffrage universel conserve tout ce qui existe, tout ce qui tend à exister. Il est conservateur de ce qui dispose de la puissance, de ce qui paraît bénéficier du succès : radical, si le gouvernement tend au radicalisme ; socialiste, si le socialisme paraît dominer le gouvernement.
La foule acquiesce, suit, approuve ce qui s'est fait en haut et par dessus sa tête. Il faut des mécontentements inouïs pour briser son murmure d'approbation. La foule ressemble à la masse : inerte comme elle. Ses violences des jours d'émeute sont encore des phénomènes d'inertie ; elle suit la ligne du moindre effort ; il est moins dur de suivre des penchants honteux ou féroces que de leur résister par réflexion et volonté. La faculté de réagir, très inégalement distribuée, n'arrive à sa plénitude que dans un petit nombre d'êtres choisis, seuls capables de concevoir et d'accomplir autre chose que ce qui est.
Le nombre dit amen, le suffrage universel est conservateur.

Charles Maurras, Mes idées politiques, 1937.