Nous en étions restés à ce stade : la conclusion du livre prophétique de Paul-Éric Blanrue sur l'évolution sioniste du FN, Jean-Marie, Marine et les juifs (Oser dire, septembre 2014), étouffé, censuré par à peu près toute la pseudo-dissidence pour les raisons que chacun peut s'imaginer.
Il est temps de relire cette conclusion en entier et d'en peser les termes un par un, car des choses importantes se préparent et l'on peut en trouver l'annonce à l'état latent.
La voici, pour la première fois publiée en intégralité sur le Net, à l'initiative de son auteur, M. Blanrue, que nous tenons à remercier vivement.
Le Clan Des Vénitiens.
CONCLUSION POUR
UNE AUTRE FOIS
« Par chance je suis dépourvu de toute ambition politique
ou sociale, en sorte que je n’ai à craindre aucun danger de ce côté-là, rien
qui me retienne, rien qui me force à des transactions et à des ménagements ;
bref j’ai le droit de dire tout haut ce que je pense, et je veux une bonne fois
tenter l’épreuve qui fera voir jusqu’à quel point nos semblables, si fiers de
leur liberté de pensée, supportent de libres pensées »
(lettre de
Friedrich Nietzsche à Malwida von Meysenbug, 25 octobre 1874)
Ce livre n’a pas
été écrit pour prendre la défense du parti politique de la famille Le
Pen, le Front national, et non plus pour blâmer celui-ci et ses dirigeants mais
plutôt pour exposer des faits qui, selon les saisons, sont tour à tour à leur
avantage et à leur désavantage. À la fin, une ligne se dessine dont seul
l’avenir nous dira si elle est droite ou courbe.
Je ne cacherai
pas mon peu d’optimisme pour la France quant à ce que les analystes nomment le « court terme ». Le poids de l’histoire sur les habitudes des gens
est énorme ; la capacité qu’ont les lobbies et officines de prendre le contrôle
des cerveaux pour instiller le doute, la peur, le désespoir, bref d’entretenir
une disposition cafardeuse à la
collaboration est proprement sidérante ; la capacité de résistance des êtres
humains sur ce plan est faible, et celle des politiciens quasi-nulle quand il
est question de choisir entre la défense d’un idéal et la sauvegarde d’un siège
et de prébendes.
« Pour qui
voter ? », me demande-t-on parfois. Je ne vote pas. Bien qu’ayant été
l’un des premiers à dénoncer la vassalité de Nicolas Sarkozy à l’égard d’Israël
et de ses groupes de pression, j’ai la conscience suffisamment en éveil pour ne pas
m’être jeté dans les bras de François Hollande en 2012. La politique telle qu’elle
nous est imposée par les vieilles barbes et les tyranneaux
impotents qui nous gouvernent ne débouche sur rien qui puisse dans l’immédiat
sortir notre société du coma dans lequel elle a sombré depuis beau temps. Les
Diafoirus qui se penchent sur son cas ont chacun leur idée géniale pour
l’extraire de cet état végétatif chronique qu’on appelle depuis les années
soixante-dix « la Crise » (un mot
qui vient du grec krisis,
jugement), mais nul n’a
pour l’instant trouvé même le début d’une thérapie appropriée.
Nous vivons au temps de l’esbroufe. La démocratie
qu’on nous vend est le royaume du faux-semblant, un jeu de dupes destiné à
détourner les hommes et les femmes de leurs véritables priorités. Dans une
interview donnée au Spiegel et parue peu
après sa mort en 1976, Martin Heidegger disait : « C’est pour moi
aujourd’hui une question décisive de savoir comment on peut faire correspondre
en général un système politique à l’âge de la technique et quel système ce
pourrait être. Je ne sais pas de réponse à cette question. Je ne suis pas
persuadé que ce soit la démocratie. »
Comment ne pas partager son observation lucide ?
Alors, que faire ? Pour ma part, je m’applique à
réaliser dans la vie quotidienne des actes de résistance à ma façon plutôt que
d’attendre, les doigts de pieds en éventail, que l’État m’attribue le droit de
penser et d’agir à ma guise. « La liberté ne se donne pas, elle se prend !
», s’écriait Henri Lacordaire (en 1830). Ce n’est pas un programme politique,
mais c’est ainsi que je conçois une existence qui peut être noble durant la fin de ce cycle historique, tant est loin la
possibilité d’un nouveau Regnum. Je
n’accorde aucun crédit aux partis, mouvements ou associations militantes, car
ils tiennent tous en bride les initiatives originales et fécondes. C’est seulement au sein de structures fraternelles,
de sociétés d’amis dénuées de « ligne de parti », que la personnalité des réfractaires a des
chances de se développer et qu’un authentique souffle de rébellion peut
persister et s’affirmer. Il faut « être autant que
possible nos propres rois et fonder de petits États expérimentaux », écrivait Nietzsche, qui ajoutait, sachant de quoi
il parlait : « Nous sommes des
expériences : soyons-le de bon gré ».
Quand, dans Fable de Venise, un membre de la Grande
Loge d’Italie demande à Corto Maltese s’il est franc-maçon, le héros de Pratt
lui répond : « Non, je suis
simplement franc marin ». Franc,
c’est-à-dire libre de toute inféodation. C’est ce qu’il faut tendre à devenir :
un franc marin, un franc historien, un franc citoyen, un franc scientifique, un
franc artiste !
Depuis mon
adolescence j’ai vécu des expériences baroques dans les milieux les plus
divers. À 14 ans, désireux de m’engager pour la res publica, je suis entré dans le parti de Jacques Chirac, le RPR ; cela ne me rajeunit pas. Au milieu des
années quatre-vingt, j’ai adhéré ensuite au Front national, au temps des
« alliances » et de ses premiers tourments
médiatico-politiques. Je voulais voir de quoi il retournait. J’ai vu. C’était gratiné. Dès l’âge de 20 ans, j’avais pour l’essentiel compris comment
la machine à décerveler fonctionnait et ce que la
démocratie telle qu’elle est conçue nous interdisait.
Alors, ouvrant
mon champ d’action, j’ai participé à des « opérations spéciales », parfois clandestines, en compagnie d’anarchistes,
de gaullistes, de communistes, de nationalistes, de royalistes. Avec certains camarades, j’ai fondé en
1993 le Cercle zététique, destiné à contribuer à la formation d’une
appropriation critique du savoir humain tandis que le pays était enclin à tomber dans les
rets de fausses spiritualités (les fruits pourris de l’« âge parodique » dénoncé
par René Guénon) et se trouvait en proie à la dérive
conceptuelle post-moderniste. Au bout de dix ans, l’aventure m’a paru suffire bien qu’elle fût
riche d’enseignements. Surtout, elle m’a convaincu d’agir autrement.
Mon « équation personnelle » m’a
toujours porté à promouvoir le principe
de souveraineté, dans tous les domaines : artistique, historique,
politique, religieux. Ce principe d’affirmation de l’homme différencié,
singulier, allergique aux étiquettes, s’oppose à la morale grégaire des
culs-bénis et à l’effrayante uniformisation du monde. Anarchiste ?
Peut-être, mais pas tant qu’il y paraît. Il s’agit d’abord, comme nous y
engageait Pindare, de se donner les moyens de devenir ce que l’on est, quel que
soit le prix à payer. Ce que je préconise pour réaliser ce « saut
qualitatif » volontiers romanesque se
rapproche de la devise de Gabriele d’Annunzio : Memento audere semper,
« Souviens-toi de toujours
oser ! » L’abandon est interdit. On doit vivre en
professionnel de l’existence, en commençant par étudier de près la logique de la
guerre
chère à Guy Debord ; et le jeu fait partie du métier.
Quand bien même
je ne crois pas aux institutions, en voie de putréfaction avancée, je crois
néanmoins aux ruses de l’histoire comme Hegel croyait à celle de la raison et
me plais à envisager que, dans la mesure où « les pensées qui mènent le monde arrivent sur des
ailes de colombes » (Nietzsche), il existe un courant caché, souterrain, qui, un
jour lointain, par une faveur spéciale de la Providence, jaillira en
surface pour aboutir à quelque glorieux résultat.
Pour le moment,
nul n’est en état de situer sous quelle portion de terre bénie coule ce petit
ruisseau qui fera de grandes rivières. N’importe. De moins en moins
de gens croient que le film de propagande qu’on leur projette au journal de 20 heures représente
la réalité ; beaucoup déjà ont compris l’énormité du mensonge officiel
prédominant et savent que le pouvoir réel de décision se dissimule au-delà
des images et des apparences, dans un grand théâtre d’ombres. Pour repartir sur des bases saines, il faudrait que
les Français fussent capables de dynamiter au moins deux cents ans d’histoire
afin de cerner les origines du mal.
Faire table
rase : après tout, pourquoi pas ? « Ce qui doit
tomber, il ne faut pas le retenir. Il faut encore le pousser »
(Nietzsche, toujours). Partant,
n’oublions pas l’ultime avertissement de Heidegger : « Seulement un Dieu peut encore nous sauver. » On a beaucoup répété cette formule du plus grand philosophe du siècle dernier sans en prendre
suffisamment la mesure ni en saisir le sens. Face à l’abîme et à la bêtise
au front de taureau (« Il n’y a pas d’autre ennemi », disait
Gustave
Flaubert), c’est de
l’esprit, du Verbe, que peut provenir la solution espérée ; non des urnes ni
d’une vaine agitation virtuelle (ô inepte Facebook, tombeau des
paroles en l’air !) ou du militantisme politique à œillères. C’est soi-même
qu’il faut commencer par transformer en apprenant à devenir, comme tout bon
Vénitien qui se respecte, sérénissime et sauvage !
À l’ombre de
Venise, le 15 août 2014.
BIENTÔT, LES VOIX VONT ENFIN REPRENDRE LEUR LIBERTÉ ! |