"Ce n'est pas à une majorité de députés de dire quelle morale est la meilleure et de l'imposer par la force."
Bertrand Lemennicier
"Le respect du droit de propriété sur soi devient le critère par lequel on juge du « bien » et du « mal ».
Tout acte qui entraîne la violation du droit de propriété d’un
individu sur lui-même et sur ce qu’il a acquis justement est un acte «
injuste », « malhonnête » ou « mauvais ». Tout acte qui ne constitue
pas une violation de ce droit est au contraire « juste » ou « correct »
ou « honnête » ou « bon ».
Le respect du droit de propriété sur soi est le moyen par lequel
on rend compatibles les diverses morales. De la cohérence et de
l’universalité de ce droit de propriété sur soi émerge une éthique «
objective » qui guide les actions individuelles. L’échange volontaire
de ces droits de propriété pour les placer dans les mains de ceux qui
savent en faire une meilleure utilisation signifie que le principe du
consentement joue un rôle essentiel comme guide de l’interaction
individuelle.
La notion de consentement, conjointement avec le droit
de propriété sur soi, n’exclut pas certains « vices » (faute, erreur
ou contrainte), ni certains problèmes d’interprétation, mais, en tant
que guide des actions individuelles, elle a une force qui vient de son
caractère universel, de sa cohérence et du fait qu’elle rend
compatibles entre elles les diverses morales.C’est avec ces deux principes simples que l’économiste peut pénétrer en position de force dans le domaine de la philosophie morale."
Bertrand Lemennicier
"La fragmentation des États n’est pas une nouveauté, c’est même la
caractéristique fondamentale de la fin du siècle dernier et du début du
siècle dans lequel nous vivons. La majorité des États dans le monde ont
une petite taille depuis que les grands empires ont implosé soit
naturellement, soit à la suite des guerres d’indépendance.
Le nombre d’États en 1950, membres de l’ONU, était de 51. En 2012,
cette organisation reconnaissait 197 États souverains. La taille moyenne
des 9 pays les plus riches au monde, mesuré en PIB par tête et parité
de pouvoir d’achat en dollars (PPA), est de 3,8 millions d’habitants.
Parmi les 27 États de l’Union Européenne, 16 ont une superficie
inférieure à 100 000 km2, 22 ont une population moyenne de 7,2 millions
d’habitants....
La question qu’ils devraient se poser est :
pourquoi les hommes politiques s’opposent-ils à cette évolution ? La
raison en est simple : la fragmentation et/ou la sécession modifie(nt)
la taille et la valeur de la productivité de la population, donc la base
fiscale et le montant de l’impôt prélevé. Elles modifient l’extraction
des rentes liées aux ressources naturelles du domaine public (puits de
pétrole), le montant des profits tirés des monopoles publics (la
monnaie) et la base fiscale sur laquelle l’impôt est prélevé. Une grande
partie de tous ces revenus, dont vivent les élites politiques et les
clientèles qui les ont portées au pouvoir, se contracte drastiquement
Penser radicalement la sécession veut dire penser la véritable nature
du pouvoir et en particulier celui du pouvoir de taxation."
Bertrand Lemennicier
"Les individus rationnellement ignorants forment leurs opinions en se
conformant aux croyances des autres soit pour conforter leur jugement
personnel ou leurs informations privées (cascades d'information), soit
par conformisme pur. Il se peut même que les individus n'hésitent pas,
s'il le faut, à afficher de fausses croyances, pour ne pas être
ostracisés par les autres (cascades de
réputation). Les activistes des groupes latents manipulent le processus
de formation des croyances pour faire émerger une opinion majoritaire
sur un problème spécifique. Grâce à cette opinion majoritaire ils vont
pouvoir faire pression auprès des hommes politiques pour obtenir une
réglementation et des subventions à leur propre profit dans le but de
protéger le groupe latent dont ils prétendent être les représentants. Ce
sont les nouvelles formes d'action collective ou le politiquement
correct remplace la violence physique ou le piquet de grève."
Bertrand Lemennicier
"On ne peut nier le besoin qu’ont les individus d’appartenir à un groupe (celui des homosexuels), à un clan (celui des Siciliens), à un club de football (celui de Marseille), à une société de pensée secrète (celle de la Franc-maçonnerie), ou au contraire transparente (celle du Mont Pèlerin), à des communautés (juive, musulmane, corse, bretonne) ou encore à des corps professionnels (les militaires, les enseignants, les compagnons de Lyon ou de Paris, les confréries vinicoles) ou une association d’usagers (les contribuables associés) ou charitable (Le Rotary Club).
Les services rendus par ces groupes sont éminents : réputation, entraide en cas de difficulté, information privilégiée, recrutement pour un emploi, avancement dans la carrière professionnelle, réseau d’influence sur l’opinion, groupe de pression auprès des pouvoirs publics etc. Tous ces groupes répondent à la définition de notre auteur.
Il ne faut pas non plus se méprendre sur le sentiment d’appartenance. On n’appartient pas à une nation ni à un territoire, ni à un État, qui sont des non existants sans aliéner son libre arbitre et sa condition d’être humain en tant qu’être humain.
Un territoire nous appartient au sens où des droits de propriété sont parfaitement définis sur les terres qui le constituent et dont on peut exclure autrui. On est propriétaire de son territoire et copropriétaire des parties communes à un ensemble de territoires adjacents parce qu’ils sont tangibles même si les services qu’ils rendent sont subjectifs.
Mais que veut dire être propriétaire d’une Nation c’est-à-dire d’un agrégat d’individus, s’il n’est pas incorporé dans un territoire et si l’esclavage privé ou publique est exclu ? Cela ne veut rien dire.
Toute cette discussion autour de ces concepts n’intéresse pas normalement les hommes au pouvoir tant que l’on obéit servilement aux ordres et lois qu’ils passent et que l’on accepte de sacrifier pour eux nos vies (conscription) et nos revenus (impôts).
En revanche, dès qu’ils sentent une montée de la désobéissance civile, un scepticisme sur leur capacité à offrir le paradis sur Terre à quelques élus de l’ascenseur social, ils s’inquiètent et commencent leur propagande autour du concept de Nation.
Ce qui prouve a contrario que l’émiettement du sentiment national et la fragmentation des États Nations a pris corps dans la réalité sociale par nos actions « d’incroyants » en la Nation et qu’ils essaient d’endiguer un mouvement qu’ils ne maîtrisent plus, ce qui en soi n’est pas une mauvaise nouvelle pour tous ceux qui aspirent à une alternative aux États-nations d’aujourd’hui.
N’oublions pas que ces États-nations utilisent toujours le sentiment national comme levier émotif pour nous faire accepter l’inacceptable : la violation de nos droits « naturels et imprescriptibles que sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression » (Article 2 de la déclaration des droits de l’homme de 1789 au préambule de la Constitution de la Cinquième République)."
Bertrand Lemennicier