Oeuvre fondamentale qui vise à éclairer les phénomènes modernes des expériences de mort imminente (EMI) à travers le prisme de la doctrine chrétienne orthodoxe.
Le Père Séraphin Rose, figure éminente de l'Orthodoxie américaine moderne, a dédié sa vie à la redécouverte des vérités spirituelles traditionnelles, estimant que le monde contemporain, coupé de ses racines chrétiennes, interprète erronément ces expériences.
L'ouvrage s'ouvre sur le constat d'un intérêt croissant pour la vie après la mort, alimenté par des récits de personnes "cliniquement mortes" puis réanimées, popularisés par des chercheurs comme le Dr Raymond Moody et la Dre Elisabeth Kübler-Ross. Ces témoignages décrivent souvent des sensations de sortie du corps, une paix intense, une perception aiguisée et la rencontre avec des proches décédés. Un élément récurrent est l'apparition d'un «être de lumière», perçu comme aimant et bienveillant, incitant à une rétrospection de la vie, mais sans jugement.
Séraphin Rose met en garde contre une interprétation superficielle de ces expériences, soulignant leur nature ambiguë. Pour l'Église orthodoxe, l'âme, à l'instant de la mort, est accueillie par des anges. Cependant, l'au-delà est aussi le domaine des esprits déchus, ou démons, qui rôdent dans le «royaume aérien» (Éphésiens 2:2, 6:12). Ces démons, selon l'enseignement patristique, peuvent se déguiser en «anges de lumière» (2 Corinthiens 11:14) pour tromper les âmes. La doctrine orthodoxe insiste sur le fait que les anges apparaissent généralement comme de jeunes hommes éblouissants vêtus de blanc, tandis que les «êtres de lumière» modernes sont parfois sans forme reconnaissable.
Un concept central et souvent mal compris est celui des «péages aériens». Il s'agit d'une série d'étapes temporaires de purification que l'âme peut traverser après la mort, et où l'âme est testée par les démons, selon l'enseignement de Pères comme saint Athanase le Grand, saint Jean Chrysostome et saint Macaire le Grand. Ces épreuves jugent les péchés de l'âme, et les anges qui l'accompagnent présentent ses bonnes œuvres pour la défendre. L'icône de Novgorod du XVIe siècle illustre les «vingt stations des péages aériens». Bien que les détails de ces récits puissent être métaphoriques, la réalité spirituelle du combat post-mortem est ferme. La Bienheureuse Théodora, dont le voyage à travers ces péages est détaillé dans la Vie de saint Basile le Nouveau, en est un exemple frappant. En revanche, les expériences de mort imminente contemporaines ne mentionnent presque jamais ces péages, manquant d'une dimension de jugement.
Le livre confronte également les visions modernes du «paradis» ou de l'«enfer» avec les expériences chrétiennes authentiques. Les descriptions modernes de «cieux» agréables, parfois avec des paysages familiers, sont jugées superficielles et potentiellement illusoires. En revanche, les vraies expériences du Ciel, rapportées par des saints comme saint Salvien d'Albi ou saint André le Fol-en-Christ, sont caractérisées par une lumière divine ineffable, une odeur merveilleuse, une humilité profonde Elles sont toujours médiatisées par des anges et témoignent d'une réalité spirituelle bien au-delà de la perception terrestre. L'Enfer, lui aussi, est une réalité redoutable, décrite comme un lieu de tourments et de lamentations, visant à inspirer la repentance aux vivants. Le Dr Maurice Rawlings, clinicien, a d'ailleurs documenté des expériences infernales, souvent refoulées par les patients.
Séraphin Rose critique l'approche «scientifique» des EMI, qui, faute de cadre théologique, et se tourne souvent vers des textes occultes non chrétiens (le Livre des Morts tibétain, les écrits d'Emanuel Swedenborg, le «plan astral» de la Théosophie). Il compare ces expériences «hors du corps» à des «voyages astraux», un domaine où les esprits déchus trompent les âmes en leur offrant des illusions de paix et d'«évolution» sans jugement. Robert Monroe, un homme d'affaires américain qui a documenté ses propres voyages hors du corps, a rencontré des entités et des réalités qui rappellent les descriptions démoniaques.
Le livre réfute également la réincarnation, doctrine populaire dans le monde moderne. L'Église orthodoxe enseigne l'unicité de la vie terrestre comme préparation à un Jugement Particulier et à un Jugement Dernier, avec la résurrection du même corps.
L'attitude chrétienne face à la mort est faite de crainte de Dieu, de repentance et de lutte spirituelle, à l'opposé de l'optimisme insouciant des approches occultes et de certaines formes de protestantisme moderne. Les prières pour les morts, en particulier la Divine Liturgie, sont essentielles pour soulager les âmes dans l'au-delà, même celles en enfer, démontrant la miséricorde de Dieu au-delà de toute justice humaine stricte.
Saint Marc d'Éphèse a fortement défendu cette position contre la doctrine latine du purgatoire. L'âme reste consciente après la mort, capable de ressentir les prières et d'en tirer profit.
Face à la confusion spirituelle contemporaine, cet ouvrage du Père Séraphin Rose exhorte les chrétiens à la sobriété, à la vigilance et à la fidélité à la Tradition de l'Église pour naviguer dans les réalités de la vie et de la mort.
Il est bon toutefois de savoir que la pensée du Père Séraphin Rose sur ces points n'est pas unanime dans l'Église orthodoxe. Il ne s'agit en rien de dogmes ni des décisions d'un concile oecuménique.