John McRay (1931 - 2018) était archéologue et professeur de Nouveau Testament au Wheaton College (Illinois). Il est connu pour avoir supervisé des équipes de fouilles en Terre Sainte (Césarée, Sepphoris, Herodium).
Son livre Archaeology and the New Testament est déjà assez ancien, puisque publié en 1991, mais il n'en offre pas moins une exploration détaillée de la relation dynamique entre l'archéologie et les études du Nouveau Testament.
L'objectif de l'auteur n'est pas de "prouver" la vérité théologique du Nouveau Testament, mais plutôt de fournir des informations qui permettent aux lecteurs de mieux comprendre et d'appliquer l'enseignement biblique.
Ce qui m'intéresse ici est la correspondance historique et géographique que l'archéologie permet avec les écrits du Nouveau Testament. En voici une courte liste :
◦ La découverte du Puits de Jacob (Jean 4:12), du Bassin de Bethesda (Jean 5:2) et du Bassin de Siloé (Jean 9:7) a renforcé la crédibilité historique du texte de Jean.
◦ L'inscription du nom de Pilate sur une pierre au théâtre romain de Césarée. D'autant plus importe découverte que le nom de Pialte figure dans le Credo.
◦ Le nom d'Éraste (Romains 16:23) sur une inscription près du grand théâtre de Corinthe.
◦ L'inscription de Gallion (Actes 18:12) à Delphes, qui aide à dater la chronologie paulinienne.
◦ La mention de l'expulsion des juifs de Rome par Claude (Actes 18:2) dans de multiples autres sources historiques.
◦ La découverte du nom de Quirinius (Luc 2:2) sur une pièce de monnaie, suggérant la possibilité de deux personnages nommés Quirinius ou une date antérieure pour le recensement.
◦ Les découvertes à Qumrân ont montré que le "dualisme" dans les écrits de Jean remonte au Ier siècle av. J.-C., défiant ainsi les présuppositions mythologiques de Rudolf Bultmann concernant l'Évangile de Jean.
Autres découvertes spécifiques:
1. Architecture hérodienne. Le programme de construction d'Hérode le Grand est abondamment documenté par les écrits de Flavius Josèphe et les fouilles archéologiques. À Jérusalem, l'enceinte du Temple hérodien était deux fois plus grande que les terrains originaux et a nécessité des murs de soutènement massifs et des arches. Des sections du mur occidental (le Mur des Lamentations moderne) et l'emplacement probable du Gabbatha ou pavé de pierre où Jésus comparut devant Pilate, près de la porte de Jaffa, ont été identifiés.
2. Synagogues. Les synagogues de Masada et d'Hérodium, datant du règne d'Hérode le Grand, étaient des structures rénovées, comme des salles à manger. À Capharnaüm, des murs en basalte sous la synagogue de calcaire du IVe/Ve siècle sont considérés comme les vestiges probables de la synagogue où Jésus prêchait, construite par un centurion romain.
3. Lieux de vie de Jésus:
- Nazareth était un village agricole avec des pressoirs à vin et à olives. Des fouilles ont révélé une structure religieuse antérieure à l'église byzantine, potentiellement une synagogue judéo-chrétienne du IIIe siècle, qui pourrait être le site de la synagogue mentionnée par Luc.
- La maison de Pierre à Capharnaüm, identifiée par des fouilles, était une habitation typique de l'époque.
- Un bateau antique du Ier siècle av. J.-C. / Ier siècle apr. J.-C., similaire aux descriptions de ceux utilisés par Jésus et ses disciples, a été découvert dans la mer de Galilée.
4. Les derniers jours de Jésus:
- La controverse sur le lieu de sépulture de Jésus se concentre sur l'Église du Saint-Sépulcre et le Tombeau du Jardin. Les preuves archéologiques et littéraires soutiennent fortement l'Église du Saint-Sépulcre (tradition des catholiques et des orthodoxes), car le site était une ancienne carrière de calcaire située à l'extérieur des murs de la ville au temps de Jésus, ce qui est un critère clé. L'empereur Hadrien y avait construit un temple à Vénus, et l'empereur Constantin y érigea ensuite l'église. Le Tombeau du Jardin, en revanche (idée protestante), est d'une période ultérieure et se trouve au milieu d'un grand cimetière.
◦ La découverte du seul crucifixé connu archéologiquement, un homme juif nommé Yehohanan, datant du milieu du Ier siècle, a fourni des détails sur la pratique de la crucifixion.
5. Voyages de saint Paul:
◦ La Via Egnatia était une importante route commerciale et militaire en Macédoine que Paul a probablement empruntée.
◦ À Philippes, des fouilles ont révélé un forum, une basilique et un tribunal où Paul a sans doute comparu devant les magistrats. Une petite crypte est traditionnellement identifiée comme la prison de Paul et Silas.
◦ À Thessalonique, une inscription mentionnant les "politarques" a confirmé l'exactitude du terme utilisé par saint Luc.
◦ Le tribunal à Corinthe est une découverte majeure liée au Nouveau Testament, le lieu où Paul comparut devant Gallion.
◦ Les cités d'Asie Mineure, comme Éphèse, étaient des centres commerciaux et religieux importants où Paul a œuvré. Le Temple d'Artémis à Éphèse, l'un des merveilles du monde antique, était un site de culte païen majeur. Le hall ou école de Tyranne où Paul raisonnait quotidiennement à Éphèse est aussi discuté.
◦ À Athènes, Paul a confronté l'influence omniprésente du polythéisme et le culte impérial, comme en témoignent les treize petits autels dédiés à Auguste.
Des documents anciens ont été retrouvés qui fournissent de précieux éclaircissements :
- Ils ont révolutionné la critique textuelle du Nouveau Testament, en révélant une hétérogénéité textuelle au cours des premiers siècles.
- Des papyrus tels que le John Rylands Papyrus (p52), le plus ancien fragment du Nouveau Testament trouvé à ce jour (daté d'environ 125 apr. J.-C.), ont obligé à réévaluer les dates de composition des Évangiles et de certaines épîtres pauliniennes (dates plus anciennes que supposées auparavant).
- Les papyrus ont également offert un aperçu de l'utilisation des noms divins, avec la pratique des "nomina sacra" (abréviations des noms sacrés comme Dieu, Seigneur, Jésus) dans les manuscrits chrétiens, reflétant une sanctification similaire à celle des scribes juifs pour le Tétragramme YHWH. Fondamental pour comprendre que la divinité de Jésus est apparue dès les premiers temps.
• Des mosaïques avec des textes du Nouveau Testament, comme Romains 13:3 et 1 Corinthiens 15:52-53, ont été découvertes, offrant des points de comparaison importants pour l'histoire du texte.
Évidemment, malgré ses contributions, l'archéologie ne peut pas prouver l'inspiration théologique ou l'exactitude historique du Nouveau Testament. Il n'empêche, l'ouvrage de John McRay souligne que l'archéologie enrichit considérablement la compréhension du Nouveau Testament. Je viendrai bientôt sur ce sujet, avec des découvertes plus récentes, qui confirment en tout point le livre du Pr McRay.
Paul-Éric Blanrue.