Dimanche 24 novembre, 11 h 20, sous-sol de l'immeuble  de la police de Dallas. Entouré de 70 agents, Oswald sort de  l'ascenseur pour être transféré à  la prison du comté. La presse se  bouscule au sous-sol, où la télévision filme en direct l'arrivée  d'Oswald. A la seconde où il apparaît, une voiture donne un coup  d'avertisseur. Coïncidence ? Signal ? Lorsqu'un second coup retentit, le  cabaretier Jacob Leon Rubenstein, alias Jack Ruby, se rue vers Oswald  et l'abat.
On se demande alors comment Ruby a pu pénétrer dans les lieux.  Selon le rapport Warren, il y est arrivé " sans avoir été aidé,  probablement par la rampe de Main Street et pas plus de trois minutes  avant le coup de feu ". Pourtant, un ancien policier de Dallas, Napoleon  J. Daniels, qui se tenait en haut de la rampe, donne la description  d'un homme ressemblant à  Ruby, la main droite enfoncée dans son veston,  qui est descendu au sous-sol sous les yeux de l'agent Vaughn, sans être  questionné. Ruby a-t-il eu des complices au sein de la police ?
Reprenant les propos du chef de la police, la Commission Warren  déclare que " sur près de 1 200 policiers, pas plus de 25 à  50  connaissaient Ruby ". Elle concède que dans sa boîte de nuit, le  Carousel, il lui arrivait de leur offrir du café et des boissons " non  alcoolisées " ! Des proches de Ruby racontent toutefois que ses  relations dans la police étaient bien plus nombreuses. Arrêté plusieurs  fois en dix ans, Ruby n'avait jamais été condamné. Faisait-il fonction "  d'informateur entre la police de Dallas et la pègre ", comme le suggère  le rapport préliminaire que la Commission a remis à  la CIA en février  1964 ?
Toujours est-il que l'ombre de Ruby rôde autour de l'assassinat de  Kennedy. Il est à  l'hôpital Parkland quand le décès du Président est  annoncé. Le 23 novembre, on le voit inspecter les lieux du crime. Le  soir, il assiste à  une conférence de presse au cours de laquelle il  souffle au procureur Henry Wade le nom de l'association où milite  Oswald. Pour son avocat, Joe Tonahill, le fait qu'il croise la route  d'Oswald est la " coïncidence la plus extraordinaire de l'histoire  mondiale ". Pas de chance pour Oswald, en somme. Ruby lui-même s'est  toujours défendu d'avoir agi avec préméditation.
Dans la nuit du 22 au 23 novembre, Ruby avoue avoir conversé avec  un policier de Dallas. Celui-ci lui aurait dit qu'il faudrait " découper  Oswald en petits morceaux ". A-t-il pris cela pour un encouragement ?  Des témoins affirment qu'il était lié à  des anticastristes. A-t-il été  utilisé par eux ? Avant la venue de Kennedy à  Dallas, on sait qu'il a  passé aussi de nombreux coups de fil à  des représentants de la Mafia.  Nouvelle " coïncidence " ?
Ruby a eu le dernier mot : " On ne saura jamais la vérité, ni  pourquoi j'ai agi. Les gens qui ont gros à  gagner et un motif puissant  pour me mettre où je suis, ne laisseront jamais la vérité faire  surface. " De fait, Jack Ruby meurt en prison d'un cancer, le 3 janvier  1967.
Paul-Eric Blanrue
mis en ligne par floriana                     
 
