BLOG DES AMIS DE PAUL-ÉRIC BLANRUE --- ARCHIVES, ACTUALITÉS, PROSPECTIVES --- DÉMYSTIFICATION ET CONTRE-HISTOIRE

lundi 13 avril 2015

Marion über alles !

Le Vieux jette l'éponge en PACA et son dévolu sur sa petite-fille ! "Si elle accepte, je pense qu'elle serait une tête de liste très performante. Certainement, la meilleure, je ne vais pas dire après moi, mais quand même". C'est dit ! Ce qui est amusant, c'est la rapidité avec laquelle ceux qui, sur les réseaux sociaux, plaçaient tous leurs espoirs en Marine il y a quelques mois (il ne fallait pas les contredire sur ce point sous peine d'être qualifié de traître à la cause nationale !) les reportent aujourd'hui, avec la même naïveté touchante et une semblable énergie fulminatoire, sur sa nièce, la nouvelle femme providentielle qui demain rasera gratis.
Ces émotives girouettes ont déjà oublié que l'élue de leur coeur déclarait début avril, suite à l'interview de son grand-père chez Jean-Jacques Bourdin : 
"Je regrette que le verbe de Jean-Marie Le Pen, qui servit si longtemps à clamer des vérités face au silence abdicateur et aux erreurs historiques de ses adversaires, soit devenu un moyen de provocation inutile... Je suis en désaccord sur le fond et je ne peux soutenir de tels propos car même le plus fier et le plus sage des hommes politiques tire bien peu de gloire à s’installer dans sa vérité et à l’asséner comme une certitude sans tenir compte des conséquences. Qu’importe l’instrumentalisation politique et le rabâchage outrancier de la même phrase depuis 20 ans. Cela a bien peu d’importance à côté de la blessure sincèrement ressentie par de nombreux compatriotes pour laquelle Jean-Marie Le Pen s’était d'ailleurs lui-même excusé au lendemain de ses déclarations... J’ai beau être sans cesse injustement considérée comme étant d’extrême droite, je n’oublie pas que le régime nazi et ses alliés ont mis mon pays à feu et à sang, que des milliers de mes compatriotes sont morts dans des conditions atroces, certains de confession juive victimes d’une politique raciste qui aura fait date dans l’histoire, etc".
Pour mémoire, voici également son communiqué datant de début décembre 2014, à propos de la reconnaissance de l'État palestinien :
"La position du Front National sur le conflit israélo-palestinien a toujours été la recherche de l’équilibre. Notre mouvement souhaite depuis toujours la reconnaissance de l’Etat palestinien À LA CONDITION que ce dernier reconnaisse également le droit à l’existence et à la sécurité d’Israël. Cette situation permettrait aux Palestiniens de rentrer dans le concert des nations, leur donnant les moyens et le devoir de LUTTER CONTRE LE TERRORISME ET LA CORRUPTION. (...) Dans ces conditions, Marion Maréchal-Le Pen s’est ABSTENUE lors du vote sur la résolution de la reconnaissance de l’Etat palestinien."
Je suis payé pour savoir qu'une information chasse l'autre, mais tout de même. La démocratie rendrait-elle les citoyens désemparés plus aveugles qu'ils ne le sont et ramollirait-elle leur cerveau gavé d'histoires tronquées et de fausses valeurs ? On le dirait bien, et ce n'est pas pour me surprendre puisque l'expérience (l'empirisme cher à Charles Maurras) a prouvé depuis longtemps (deux cents ans environ) que tant que l'on ne raisonne qu'en terme de scrutins électoraux et de candidats idéaux, on tourne en rond pour rester à la périphérie des choses, sans espoir réel de transformer la société. Pourquoi ? Parce qu'en agissant ainsi on se soumet à un système dont le but est de vous éliminer du paysage et qui, en pratique, agit 24h/24 pour vous écarter du pouvoir. On ne fait pas sienne l'idéologie de ses adversaires. On n'adore pas les idoles qui vous écrasent. Il s'agirait de creuser. Non pour aller au fond mais à la racine des choses, là où personne ne se rend jamais parce que c'est difficile et dangereux. Ce n'est pas au programme, manifestement. Les idées, les principes ? Vous n'y pensez pas, c'est de la métaphysique, autant dire du vent ! Perte de temps. Et le temps c'est de l'argent, comme ne le disait pas Heidegger. Élections, élections ! Parlez-moi des régionales, chantez-moi de la présidentielle ! Dessine-moi un canton ! Gratte-moi l'urne ! Déchire-moi l'affiche ! Un bulletin sinon rien ! 
Frontistes, encore un effort pour être républicains : cessez tout à fait de réfléchir, militez pour les têtes que les sondages vous désignent et attendez devant Twitter et Facebook que le Messie surgisse des urnes pour changer vos vies. J'ose vous rappeler que Jeanne d'Arc, pour laquelle vous manifestez chaque année au mois de mai, combattait sous la bannière : "Dieu premier servi." Ça vous dit quelque chose ?

Paul-Éric Blanrue


TEXTE DE CHARLES MAURRAS 
SOUMIS À LA RÉFLEXION DES LECTEURS ENDURCIS


"Qu'est ce que le gouvernement de la République? Le gouvernement des partis, ou rien.
Qu'est ce qu'un parti ? Une division, un partage. Les « mots de la tribu » offrent souvent une contexture sacrée qui en contient, en conserve, en préserve le sens. Ici, il est limpide. Il n'y a qu'à fermer les yeux et écouter le son. Parti ! Rouvons les yeux : le spectacle contredit-il l'audition et l'entendement ? 
Aucun résultat politique ne s'obtient, dans le fonctionnement normal du régime, que par cette opération diviseuse et cette lutte intestine. On arrive ainsi aux honneurs. C'est le jeu des partis qui élit. Une fois élu, on peut prêcher l'accord, mais surtout après avoir pris l'engagement formel de ne pas revenir devant l'électeur.
D'où viennent les partis ? Ou, plutôt, qu'est-ce qui donne aux partis et aux clans cette incurable ardeur dont le temps ne fait, parfois, que rafraîchir et renouveler la brûlure ? Nos clans naturels sont détruits, nos clans historiques passent pour être anéantis. Mais les classes subsistent et notre État est constitué de manière à en tirer plus de mal que de bien.
Les révolutionnaires les exploitent toujours en s'efforçant de les légitimer par des antagonismes économiques inexistants car, loin de diverger, nos intérêts les plus essentiels convergent, en fait.
L'intérêt général, sans être la somme des intérêts particuliers, les comprend néanmoins et les enveloppe : le plus haut, le plus profond des intérêts de chacun tend, sur le plan réel, à l'unité du tout. Le partage et la division sont des fléaux dont chacun aura à souffrir : pourtant, si beaux soient les appels à la conciliation, à la concession, à la convergence des actions et des vues, cette idée si naturelle reste bien froide en comparaison des chaleurs artificielles et des fureurs factices auxquelles les passions diviseuses élèvent leur fausse doctrine.
L'élément générateur des partis est passionnel et, presque toujours, personnel. Un homme, un nom servent de drapeau, et ce drapeau flotte et palpite d'autant plus vivement qu'un prétexte a été fourni, soit par une ambition trompée, soit par un déni de justice ou par son semblant, soit par une vengeance exercée ou subie.
La France est déchirée parce que ceux qui la gouvernent ne sont pas des hommes d'État, mais des hommes de parti. Honnêtes, ils songent seulement au bien d'un parti : malhonnêtes, à remplir leurs poches. Les uns et les autres sont les ennemis de la France. La France n'est pas un parti.
Dans un pays constitué comme la France, dans un pays qui n'est entièrement représenté ni par son aristocratie, ni par sa bourgeoisie, la République n'a duré que parce qu'elle a été la propriété d'un parti, d'un parti fermé, organisé assez jalousement pour répondre à tous les assauts.
Les idées des partis, les idées diviseuses ont, en République, des agents passionnés ; mais l'idée unitaire, l'idée de la patrie n'y possède ni serviteur dévoué ni gardien armé.
On ne fait pas la guerre sans provisions ni munitions. Il faut que, dans leur guerre, les partis vivent et combattent avec tous les objets qui leur tombent sous la main.
L'entente avec l'Étranger est l'ingrédient essentiel et classique du régime des partis. Possible et contingente sous tout autre gouvernement, elle est nécessaire en République. Il faut ou changer le régime, ou se résigner à ce mal.
De même il faut changer le régime ou se résigner, à peu près de la même manière, à une certaine dose de routine dans les grandes administrations dont la Marine et la Guerre donnent le type. On n'y triomphe pas de la routine par l'esprit révolutionnaire qui anime les partis.
Le contrôle révolutionnaire du Parlement n'a jamais fait que superposer aux anciens abus des abus incomparablement supérieurs. Tout le mal que l'on voudra dire des bureaux, routiniers si l'on veut, mais compétents et expérimentés, ne sera jamais à mettre en balance avec les insanités d'une commission parlementaire ou d'un délégué du parlement, souvent ignare ou turbulent, touche à tout par définition.
Il n'est ni dit, ni écrit, ni pensé nulle part dans l'essence du régime républicain, que les questions militaires, les questions liées à la vie de patrie, soient supérieures à la République, supérieures à la querelle des partis. Les plus patriotes de nos républicains esquivent cette question de la priorité de la Patrie ou des Partis, de la France ou de la République, en disant que ce sont là deux synonymes et que l'État républicain et l'État français ne font qu'un.
Mais la nature des choses se charge toute seule de la distinction, et c'est alors qu'au fur et à mesure des événements, les réactions strictement propres à chacun donnent la mesure des personnes, des caractères, des esprits."

Charles Maurras, Mes idées politiques, 1937.