Entre 2003 et 2006, Paul-Eric Blanrue publie un peu par hasard une fantaisie conjugale en quatre épisodes intitulée Ma femme est un génie dans la revue Bordel, dirigée par Stéphane Million et Frédéric Beigbeder. Une revue au ton volontiers provocateur et punk. Mais Blanrue a plus d'un tour dans son sac à malices et c'est en bon Vénitien qu'il choisit de mettre en scène (de ménage) un couple contemporain qui s'exprime pourtant comme dans une pièce de Sacha Guitry. Les descriptions de l'environnement ont, quant à elles, la précision d'un roman de Georges Perec. Ma femme est un génie, c'est le Daniel Bachelet de N'écoutez pas, Mesdames ! qui habite un appartement de l'immeuble de La Vie mode d'emploi. D'autres fantômes hantent le livre comme ceux de Jorge Luis Borges, Alfred Hitchcock ou Barbey d'Aurevilly, invoqués au fil des pages qui semblent s'écrire en direct, à mesure que nous les lisons. En résulte une suite d'aphorismes dialogués où les conditions de la sérénité affective reposent sur une partie de poker perpétuelle où chacun bluffe en s'inventant une main heureuse (celle au doigt de laquelle la bague fut passée). Pour la première fois depuis sa publication, l'auteur réunit en un volume les quatre parties de ce texte huile comme la mécanique d'une montre suisse et publie le tout exclusivement sur Amazon. Le récit, léger et plein d'humour, d'un jeu de l'amour et du hasard, un jeu où qui perd gagne. À déguster frais!
Louis-Égoïne de Large.