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jeudi 7 octobre 2021

Zemmour rafle l'extrême droite : étonnant ? Pas du tout !




La rafle d'Eric Zemmour dans l'extrême droite étonne. L'évolution en flèche dans les récents sondages d'Eric Zemmour étonne : je m'étonne que l'on s'étonne !
Qu'est-ce donc qui est si étonnant ?
Voici un extrait de mon Jean-Marie, Marine et les juifs, publié
en 2014 (Oser dire): j'y mettais en relief les liens étroits tissés entre la droite nationale lepeniste, depuis les années cinquante, et les juifs de droite dont les médias parlent peu, à avoir les petits juifs du quotidien qui ne supportent pas davantage que les bérets-baguettes se rendant alors aux BBR les racailles de banlieue ou l'URSSAF, les juifs du monde de la finance, qui ne sont pas tous sous la coupe de "mondialises sataniques" et ont leur individualité propre, des gens discrets du show biz, de rares journalistes jouant sur les deux tableaux, des membres de réseaux sionistes internationaux pour qui la victoire de Zemmour en France serait un merveilleux et inespéré moyen de rétablir de bonnes relations entre la France et Israël. A contrario, leur menaient une guerre frontale et impitoyable, durant des décennies, les réseaux sionistes de gauche, soutenus par le président François Mitterrand, Julien Dray, divers intellos aux rabais et des rabbins triés sur le volet, ainsi que le B'nai Birth, le CRIF et La Licra, bref tous ceux qui furent dans le coup lors de l'affaire bidon de Carpentras et du "point de détail", histoires frelatées que j'ai analysées ailleurs dans ce même livre et qui ont permis de tuer le Front national.
Voici donc le court extrait du livre dont je parlais et où apparaît Éric Zemmour :
"Ancien directeur de Minute, Gérald Penciolelli peut déclarer: «Je l’ai connu prosioniste (JMLP), comme tous les gens de l’Algérie française ». Le fondateur Pierre Weill, de confier: «Même dans les pires moments, je me suis toujours dit que Le Pen n’était pas antisémite ». Le sentimental Serge Moati, qui a rencontré Le Pen à l’occasion de ses deux émissions consacrées à « La haine antisémite » (1991) et partage avec lui une même affection pour la veste Forestière de la maison Arnys des frères Grimbert, fondée en 1933 par leur grand-père Jankel, juif immigré de Russie, confesse: «Je ne le percevais pas comme antisémite (...) Il n’y a pas plus habile que les juifs pour percevoir l’antisémitisme. Or là, je ne le ressentais pas» (Philippe Cohen et Pierre Péan, Le Pen, une histoire française, Robert Laffont, 2012).
Ce n’est pas la chanteuse Rika Gozman, alias Rika Zaraï, que son service militaire dans Tsahal n’a guère interdit d’avoir son rond de serviette à Montretout, l’ancienne demeure du Menhir à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), qui contredira ses coreligionnaires. Ni Éric Zemmour, que j’ai entendu expliquer l’intérêt du vote juif devant une tablée réunissant une partie de l’état-major du FN dans la maison natale de Le Pen, à La Trinité-sur-Mer, lors du lancement de la campagne de la présidentielle de 2002. Il n’avait pas l’air, lui non plus, de considérer tout ce beau monde comme des émules du défunt Führer. Quant à la dogaresse Jany Paschos, que le Menhir a épousée en mai 1991, ne déclare-t-elle pas avec délectation que dans le tombeau de sa famille, à Rueil-Malmaison, « quatre confessions cohabitent en bonne intelligence dans la même terre française: les religions catholique, protestante, juive et orthodoxe » ? (Français d’abord, n°291). Au reste, « avant de connaître Jean-Marie, la moitié de mes amis étaient juifs, dira-t-elle, la fine fleur de la finance juive (...) Ils m’ont dit : Quelle horreur, il est antisémite !, mais il a suffi de les réunir à des dîners pour qu’ils me gardent leur amitié, comprenant la honteuse caricature faite de lui» (France Soir, 24 avril 2012).""

Paul-Éric Blanrue



Quelques remarques additionnelles sur Zemmour.
Quand je me suis rendu à la Trinité-sur-Mer à la fin de l'été 2001, dans la maison de famille des Le Pen, pour couvrir le lancement de la candidature de JMLP aux élections de 2002, Eric Zemmour était le seul grand journaliste national présent. Il y avait peu de monde. Zemmour, attablé, assis dans le jardin en plein soleil, expliquait à l'état-major du FN, ébloui, fasciné, buvant ses paroles au point de rester debout devant lui, la "bonne stratégie à suivre" : il s'agit de celle qu'il adopte aujourd'hui. Chez lui, le discours actuel n'a donc rien d'une nouveauté, comme certains l'en accusent. Très affectueux, JMLP l'appelait "mon petit Eric" tandis que, dans le jardin, Marine, en T-shirt (trop moulant pour sa carrure de rugbyman), short et tongs, servait des cacahuètes à l'assistance. C'était l'ambiance de l'époque. On sentait le niveau des compétences.
Mon analyse rapide maintenant :
1. Les droites sont moins inconciliables que René Rémond le disait en essentialisant leurs différences. Il y eut des légitimistes libéraux, à commencer par Chateaubriand, et la seconde partie du Second Empire n'a pas été moins libérale que la monarchie de Juillet. Aujourd'hui, tout est mélangé, et le libéralisme n'existe plus en tant que force politique autonome.
2. Zemmour tente un coup à la Napoléon Ier, celui du "J'assume tout". Si cette démarche peut plaire à une certaine frange de la population, aux bourgeois cocufiés par la droite institutionnelle comme aux gens du peuple qui sont à bout, il y a fort néanmoins à parier qu'elle soit trop segmentante pour l'électeur médian, faiseur de rois.
3. Explication : le "J'assume tout" de Zemmour consiste essentiellement à assumer les radicalités de droite. Dans une démocratie comme la France, la radicalité de droite n'a guère de chance de se hisser au pouvoir, puisque le pouvoir, par la voie des urnes, se gagne au centre. Zemmour ressemble certes à Trump, mais la société française n'est pas la société américaine, et les principes qui font sortir les Français du bois ne sont pas les mêmes qui ceux qui font réagir les Yankees.

PEB