Frédéric Bastiat (1801-1850) fut l’un des plus brillants défenseurs de la liberté individuelle et du libre marché.
Son œuvre repose sur une conviction centrale : l’harmonie sociale découle naturellement des actions libres et responsables des individus, tandis que l’intervention de l’État tend à la détruire.
Pour Bastiat, la société n’a pas besoin d’être fabriquée ni administrée d’en haut ; elle se régule d’elle-même à travers l’échange, la coopération volontaire et la loi du service réciproque. Chaque être humain, cherchant à améliorer sa condition, contribue sans le vouloir au bien-être général, pourvu qu’il soit libre d’agir sans contrainte ni privilège.
Dans ses écrits, notamment La Loi et Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas, Bastiat dénonce la spoliation légale, c’est-à-dire l’usage de la loi pour dépouiller certains au profit d’autres sous prétexte de justice sociale ou d’intérêt collectif. Il montre que la véritable fonction de la loi est de protéger la liberté, la propriété et la personnalité de chacun, et non de redistribuer ou de diriger la production.
Bastiat voyait dans le socialisme une perversion morale : l’idée qu’on puisse utiliser la contrainte politique pour accomplir ce que la charité ou la coopération pourraient produire librement. Il défendait la responsabilité personnelle, l’épargne, la libre concurrence, la propriété privée, et croyait profondément que la paix et la prospérité naissent du respect mutuel et de la limitation du pouvoir politique.
Économiste de la clarté, il mettait son génie pédagogique au service de la raison commune, préférant les paraboles simples à l’érudition technocratique. Dans sa célèbre parabole de la vitre cassée, il démontre que détruire pour reconstruire n’est pas créer de la richesse, mais la gaspiller.
Bastiat fut aussi un ardent pacifiste, considérant la guerre et le protectionnisme comme les deux faces d’un même esprit de pillage. Il voyait dans l’échange libre entre nations un moyen de désamorcer les conflits et de substituer la solidarité à la domination.
Sa philosophie est à la fois morale, politique et économique : elle affirme que la liberté est non seulement efficace, mais juste, et que la justice ne peut exister sans liberté. Il ne croyait pas à la perfection humaine, mais à la capacité des hommes libres de corriger leurs erreurs par l’expérience et le dialogue.
Contre la tentation de l’ingénierie sociale, Bastiat opposait la spontanéité de l’ordre naturel.
Contre la croyance dans l’État bienfaiteur, il opposait la dignité du travail et la responsabilité individuelle.
Frédéric Bastiat demeure ainsi une figure lumineuse, un homme de raison et de cœur, qui a su unir la logique économique à une profonde exigence morale. Sa pensée, toujours d’actualité, nous rappelle que la liberté n’est pas un luxe économique, mais la condition même de la justice et de la paix entre les hommes.